Il n’y a pas de burka en France. Il n’y a que des femmes entièrement voilées par le niqab qui ne laisse apercevoir que le regard. Ce phénomène, nouveau et encore rare, sème un mélange de gêne et de confusion dans les esprits. Cette confusion vient du fait que l’on ne sait trop si cette pratique est à condamner au nom de la dignité de la femme ou à accepter au nom de la liberté et du rejet d’une soi-disant xénophobie. Or, il n’y a que deux cas possibles : ou bien ce voile est imposé à la femme qui le porte ou bien il s’agit d’une décision et d’un choix personnels. Si le niqab est une contrainte imposée par un tiers, que se soit un imam ou un conjoint, alors il y a nécessairement une atteinte insupportable à la liberté de l’individu et à la dignité féminine. Si le voile est porté volontairement, quelle que soit la raison invoquée, il transforme la femme en voyeur qui regarde par le trou de la serrure afin de voir sans être vu. Au nom d’une volonté de s’effacer du monde, la femme devient ostensiblement visible. Cette ostentation est une provocation. Le niqab est un véritable signal, attirant tous les regards et toutes les interrogations. Il n’est, en aucune façon, une obligation du Coran, mais une contrainte inventée par des hommes pour des motifs que l’on peut soupçonner emprunts de machisme primaire (« cache ce visage que je ne saurais voir, car il est un vrai scandale »). Quelle qu’en soit la raison, se cacher pour regarder le monde est une injure à tous ceux à qui s’adresse la femme voilée du niqab. On entend parfois l’argument évoquant l’abbé Pierre, revêtu de son habit de prêtre au sein du Parlement, pour essayer de justifier le port du voile intégral en tout lieu. Ce fût une erreur de ne pas imposer l’habit civil à l’abbé Pierre au sein du Parlement et cette erreur ne permet pas de justifier l’acceptation du niqab. Les politiques ont le devoir de rechercher une réponse, le citoyen a le droit de se détourner de ces femmes en refusant tout échange.