Au nom du père et du fils

Publié le 23 février 2010 par Parallaxe
Le complexe d’Œdipe, vedette incontestable de la psychologie de la relation mère-fils, a son complément moins célèbre dans la relation père-fils. Celle-ci participe à la complexité générale de la relation parent-enfant. Cette complexité ne s’atténue aucunement avec le temps et perdure tout au long de la vie (de l’un et de l’autre). En ramenant l’analyse à l’essentiel, on peut dire que le type de relation entre un fils et son père est fondamentalement binaire. Elle relève soit de l’admiration soit de la déception, ce qui n’exclue nullement l’affection. L’admiration du fils pour le père peut s’accompagner chez l’enfant d’un sentiment d’infériorité, qui naît de la crainte d’être incapable de pouvoir égaler l’adulte, l’enfermant dans une impression d’échec permanent pouvant aller jusqu’à des tentations suicidaires. La déception, quant à elle, se traduit généralement par une opposition plus ou moins violente pouvant conduire au rejet de l’autorité. Œdipe n’a pas seulement épousé sa mère, il a aussi tué son père. Cette période d’opposition est répandue et bien connue des parents. Son aspect positif est qu’elle pousse l’enfant à trouver une voie personnelle qui peut être le ferment d’un esprit d’initiative bénéfique atténuant, avec le temps mais sans la supprimer totalement, cette attitude antagoniste. Ainsi, le triste destin du père est d’accepter d’être un objet de déception pour son fils s’il ne veut pas prendre le risque qu’un sentiment d’admiration ne conduise ce dernier à une frustration destructrice. Décevoir, c’est finalement donner à son enfant une chance supplémentaire de s’affirmer et de réussir. Ce qui n’enlève rien aux sentiments d’un père pour son fils ou d’un grand-père pour son petit-fils.