Les élections régionales qui viennent d’avoir lieu ont désigné un incontestable vainqueur : l’abstention. Certes, la Gauche française clame son succès à grands cris et dépeint la France comme un peuple de gauche. La France, un peuple de gauche ? La vérité est ailleurs. Il faut tout d’abord constater que la majorité des abstentionnistes est droitière, ce qui nuance déjà fortement le cri de victoire de l’opposition. Ensuite, le Français est le parangon du citoyen qui brûle aujourd’hui ce qu’il a adoré hier, voire il y a juste une heure. Le Français est contestataire par construction. Le succès des soi-disant humoristes qui sévissent dans les médias en faisant fortune grâce à leurs ricanements à la limite de l’insulte faite aux politiques est un excellent indicateur du penchant français vers la critique systématique sans nuance. Ainsi, tout vote est l’occasion donnée au citoyen d’exprimer à bon compte son ire vis-à-vis de ceux qui le gouvernent. Les Français ne votent pratiquement jamais « pour » mais, le plus souvent, « contre ». Le regain du Front National s’explique ainsi. Il faut dire que c’est beaucoup plus confortable et sans risque. Lorsque l’on compare l’attitude abstentioniste des Français et la participation importante des Afghans aux dernières élections malgré le risque énorme encouru à cause du terrorisme, on reste confondu. Les Afghans considèrent le vote comme une exigence de leur démocratie naissante, les Français comme une corvée inutile de leur démocratie vieillissante. Comme d'habitude, pour l'opposition "la droite n'a rien compris", pour la majorité (?), "la gauche se trompe". Comme d’habitude, tous les politiques crient victoire ou démontrent, en utilisant une langue de bois parfaitement au point, que la défaite n’en est pas une mais l’occasion de « recevoir le message des Français », même s’il n’y a aucun message envoyé, hormis celui qui consiste à contester le pouvoir.