Alors que l’on pensait avoir tourné la page sur le troisième volet de la série avec une édition dite « Complete », voilà que Paradox interactive nous offrait, peu avant Noël 2009, une sorte de gros patch payant ! Intitulé Heir to the throne, cet agglomérat (nécessitant la version dite « Complete » d’Europa universalis 3) de contenus additionnels, de correctifs et autres modifications apportées aux règles de base, devait parer de nouveaux attraits un logiciel déjà patché et amélioré à maintes reprises. On savait cependant qu’en dépit de ses nombreuses qualités, EU3 demeurait bancal par bien des aspects. Les espoirs étaient donc grands, de voir ce magnifique ludiciel d’histoire et de conquêtes, parvenir enfin à atteindre le pinacle du genre. Peut-on considérer EU3 – Heir to the throne comme étant digne de l’héritage laissé par le vénérable Europa universalis 2 ? Voilà bien une question légitime !
Apparu uniquement sur les étals virtuels, à la mi-décembre 2009, Heir to the Throne représentait pour nombre de fans déçus par les imperfections d’EU3, l’espoir de voir enfin ce dernier à même de supplanter la seconde version, publiée en 2002 (2000 pour EU1). Une deuxième mouture inspirée du jeu de plateau créé par Philippe Thibaut (AGEOD et Great invasions, un concept et une réalisation très proches), mémorable référence à surpasser. Les diverses améliorations mises en avant par l’éditeur semblaient devoir combler de telles attentes mais qu’en est-il vraiment à l’épreuve de nombreuses heures de jeu ? Reprenons cet argumentaire marketing point par point, afin de juger objectivement de ce qu’ils apportent au joueur en terme de confort et de plaisir.
Casus belli, en avoir ou pas… fait toute la différence ! Dans le premier cas, notez la pénalité de deux points en Stabilité qui va fortement impacter votre économie.
L’argument phare dans la liste des additions, ce sont sans conteste les nouveaux justificatifs belliqueux que le souverain virtuel peut désormais invoquer. En deux mots : Casus belli (C.B.) ! Dans les versions précédentes d’Europa universalis, il était loisible de revendiquer avec démesure, après la moindre victoire sur ses adversaires. Désormais, les Casus belli s’accompagnent de contraintes précises, en rapport avec l’origine du conflit. « Reconquest » permet ainsi de mener campagne contre un royaume, avec comme but final la reprise d’une province spécifique (parfois, de plusieurs), sans subir de pénalités (infamie ; prestige). En revanche, il demeure parfaitement possible, si votre situation diplomatique (et financière ! Car cela implique des pénalités économiques) le permet, de déclarer la guerre en l’absence de C.B. et d’en assumer les conséquences. Pour activer un « motif de guerre » particulier, il convient de cliquer sur l’option correspondante dans la colonne de droite de l’écran diplomatique.
La carte filtrée selon l’adhésion aux ligues commerciales. La guerre économique : un jeu dans le jeu !
Dans les faits, ce nouveau système est réellement significatif. Le jeu prend une dimension beaucoup plus cohérente et « réaliste ». Il est dorénavant très agréable de tirer partie des intrications inhérentes au système d’EU. Chaque élément constitutif du gameplay est en effet imbriqué dans un ensemble bien plus homogène ; chaque action s’inscrit dans un tout plausible. Quelles sont les implications de la situation politique sur les choix qu’il va falloir faire ? Comment obtenir un C.B. permettant d’atteindre tels objectifs stratégiques, militaires ou économiques ? Les décisions deviennent beaucoup plus intéressantes car désormais, les moyens pratiques (les C.B.) sont beaucoup mieux intégrés dans la logique qui motive vos propres décisions.
Le nombre de magistrats est primordial. Ils permettent de mettre en œuvre votre politique sur le terrain, par le biais des Décisions provinciales ou culturelles.
Il est enfin intéressant de réfléchir avant d’agir, alors qu’auparavant la finalité propre aux C.B. n’avait guère de logique : le vainqueur prenait ce que bon lui semblait au vaincu, sans avoir à faire montre de discernement. Dorénavant, si les conditions ayant présidé aux hostilités vous attribuent telles revendications, toutes exigences supplémentaires ou excessives (fonction des points de guerre accumulés) vous pénaliseront aussi sûrement qu’elles affaibliront vos ennemis. Perdre une vingtaine de points d’infamie peut s’avérer beaucoup plus problématique pour vous, que la province arrachée à l’adversaire car pesant sur des aspects économiques et diplomatiques dont on ne mesure pas forcément les implications, surtout à long terme. La cupidité devient enfin une arme à double tranchant.
Diriger la Curie n’apporte pas suffisamment de bénéfices (prestige et argent), malgré un remaniement du système.
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