En voyant que le gouvernement britannique envisageait d'abaisser le taux alcoolémie maximal légal pour la conduite automobile, George Pritcher a écrit dans le Telegraph qu'à son avis, c'est une idée « absurde ».
Et cela alors même que déjà en décembre, le même quotidien trouvait « troublant » que Lord Adonis ait voulu rouvrir le débat sur ce sujet.
Mais, comme nous l'avons fait remarquer à l'époque, en fait ça n'est pas troublant du tout. Ça fait partie intégrante d'une tentative en sous-main d'harmoniser le code de la route dans l'Union Européenne, qui a pointé le bout de son nez en mai 2004, sur la base d'un programme conçu en 2002. La limite alcoolémie en fait partie, et les alcootests aléatoires aussi.
Ce à quoi nous assistons là est un exemple criant de comment marche le système. Sachant qu'une tentative au grand jour d'harmonisation à la « tiens prend ça » serait énormément impopulaire – et soulignerait combien de pouvoir a été cédé à l'UE – l'Union Européenne travaille dans l'ombre, obtenant des Etats membres, apparemment volontairement, qu'ils alignent leurs lois au plus proche de « l'idéal » européen.
Chaque fois que cela se produit, ça sort sans référence aucune à l'UE – et c'est présenté, comme c'est le cas ici, comme une initiative britannique. Ensuite, quand le temps aura fait son œuvre, quand les lois britanniques seront suffisamment proches de celles des autres pays pour ne faire plus aucune différence, l'UE sortira une directive pour « régulariser » cette position. A ce stade, les différences seront si légères que la loi européenne ne représentera plus aucun contentieux.
Cette dynamique va à l'encontre du mythe populaire selon lequel les gouvernements des Etats membres sont d'une façon ou d'une autre forcés par l'UE, contre leur gré, de s'aligner. En fait, Il s'agit d'un processus de collusion active des gouvernements contre leurs propres peuples. C'est un gradualisme insidieux et malhonnête qui reconnait que, s'il était mené ouvertement, il se heurterait à une opposition.
En évitant toute référence à l'UE, comme le font les journaux à propos de cette mesure, les médias participent aussi à cette collusion. Et de même pour les partis d'opposition. Vous n'entendrez pas de la bouche de David Cameron et de sa joyeuse bande qu'il s'agit d'une mesure d'inspiration européenne. S'il y a critique, c'est parce que c'est une mesure « travailliste ». Le fait que la sécurité routière est devenue une compétence européenne avec le traité de Maastricht, sous John Major déjà, n'a bien sûr rien à voir.
Et c'est ainsi que nos libertés et nos particularités nationales s'érodent, le tout au nom de l'intégration politique européenne, et qu'on ne nous laisse pas le droit de savoir pourquoi cela se produit.
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