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Lettre à Elisabeth Badinter

Publié le 16 mars 2010 par Cafatica

En lisant dans plusieurs journaux votre conception de la maternité, et de l'allaitement en particulier, qui serait selon vous une menace pour les femmes et pour leur liberté, j'ai une question à vous poser, avant de vous exposer mon point de vue ; ma question c'est : de quoi je me mêle ? Qu'est-ce que ça peut vous faire si une femme choisit, et je dis bien choisit, d'allaiter son enfant ?! On l'a bien compris, vous ne supportez pas qu'une femme puisse rester à la maison, quand bien même ce serait pour s'occuper pendant un temps de son bébé. Mais finalement, cela ne regarde que vous, et vous n'avez pas, chère madame, à dénoncer la "tyrannie de la maternité" par une autre tyrannie : celle de comparer à des guenons les femmes qui choisissent de s'occuper de leur bébé. Vous avez une époque de retard, madame. Les mères aujourd'hui ne ressemblent plus à la bobonne d'autrefois. Autrefois, les femmes n'avaient pas le choix, c'était institutionnel, la société les condamnait à rester à la maison pour s'occuper de la famille. Elles ne pouvaient pas exercer une activité professionnelle ou avoir leur propre compte en banque sans l'autorisation de leur mari, pour ne citer qu'un exemple. Mais aujourd'hui, qu'elles travaillent, qu'elles maternent ou qu'elles fassent les deux en même temps, il y a une grande différence : c'est qu'elles peuvent choisir ; choisir de faire des enfants ou pas ; choisir de travailler ou pas, choisir de s'occuper de leur(s) enfant(s) ou pas, etc. Et finalement, une femme libre, vraiment libre, n'est-ce pas cela, madame : une femme qui choisit sa vie ? Personne n'oblige les femmes à allaiter leur enfant, aucune loi ne les force à rester au bercail, aucune loi ne les condamne à dépendre financièrement de leur conjoint, et rien n'enlèvera aux femmes leur libre-arbitre.
Bientôt, je serai mère. Et je compte bien allaiter. Je resterai un temps à la maison pour m'occuper de mon bébé. Parce que c'est mon choix et ma liberté de le faire, sans que personne ne me demande de le faire. Je pourrais tout aussi bien choisir de ne pas être mère si je considérais que c'est cela la véritable liberté : la carrière au détriment de la maternité, beaucoup de femmes font ce choix aujourd'hui après tout, et rien ne m'empêcherait de le faire aussi. C'est un choix qui se respecte tout autant, mais ce n'est pas le mien. Faites preuve d'un peu de tolérance, madame Badinter ; ce n'est pas parce que vous n'approuvez pas leur choix que vous devez traiter les femmes qui allaitent de chimpanzés !
Et puis, chère madame, à travers le monde, tellement de femmes sont lapidées, condamnées à rester non seulement à la maison, mais aussi sous une burqa, condamnées à mort pour de simples soupçons d'adultère, mariées de force dés leur plus tendre enfance, violées, excisées, mutilées ... Dans bien des pays, même les chimpanzés sont mieux traités que les femmes, alors vous ne croyez pas qu'en tant que féministe, il y a des combats plus urgents et plus utiles à mener pour la liberté des femmes ? Occupez-vous des vrais problèmes, madame. Il n'y a pas grand-chose à dire contre une femme qui dispose d'un libre-arbitre plein et entier et qui fait en toute liberté son choix de vie et de maternité.  En revanche, il y a tant à dire et à dénoncer contre tout ce que subissent au quotidien des millers de femmes victimes et esclaves de leur mari, leur famille, leur religion...  
Lettre à Elisabeth Badinter
Pour compléter, même si je trouve les choix de cette femme un peu excessifs, j'ai pas mal apprécié cette réaction à la thèse de Mme Badinter :
 http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2769


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