Nicolas Sarkozy doit penser très fort à l'Italie en ce moment, pas seulement pour des raisons conjugales. Là-bas, Berlusconi est allié à l'extrême droite de l'Alliance nationale et verrouille ses positions face à la gauche.
Ici, les voix du FN manqueront dimanche à l'UMP, dans de nombreuses régions.
Sarkozy peut faire une croix sur les régionales, les régions étaient déjà à gauche. Je doute fort qu'il ait envie de faire la même impasse sur la prochaine présidentielle.
Parions donc que d'ici à 2012, Marine le Pen fera son entrée au gouvernement. Il y faudra un changement de nom du FN, le départ de Jean-Marie, pas très présentable et après ce lifting ensemble tout deviendra possible.
Que vient faire Joffrin là dedans ? Il a donné par avance son blanc-seing à cette opération, dans son éditorial de ce matin, au nom du peuple : "la clé de la présidentielle prochaine se trouve dans la reconquête des classes populaires. Pour la réussir, il faudra trouver, en matière sociale, bien sûr - c'est la priorité - mais aussi dans le domaine de la sécurité et de l'immigration, des projets justes et efficaces. Même sans le dire, le peuple vient de l'exiger."
Un petit coup de chapeau à la matière sociale - dont l'adhésion au projet européen de Joffrin, de Libé et de la gauche dite de gouvernement, fait que le traitement s'effectuera façon Grèce, en plus ou moins soft. Vient le coeur de l'argument : un lien direct entre sécurité et immigration, au nom duquel, effectivement, Marine le Pen ferait aussi bien qu'Eric Besson.
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Conclusion : en refusant de voir la réalité en face, en refusant de constater que les engagements européens plombent en France la croissance et tout espoir d'une politique même faiblement à gauche, la gauche prépare le terrain au Front National. Sarkozy n'hésitera sans doute pas longtemps avant d'entendre l'appel de Joffrin.