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Vénus de Suzan-Lori Parks à l'Athénée Théâtre Louis Jouvet

Par Gangoueus @lareus
Vénus de Suzan-Lori Parks à l'Athénée Théâtre Louis Jouvet
Gina Djemba est la vénus hottentote

J’ai pu assister le week-end dernier à la représentation Vénus à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet de Paris. Il s’agit de l’adaptation de la pièce de théâtre de la dramaturge américaine Suzan-Lori Parks.Cette pièce met en scène l’histoire très particulière de celle qui fut désignée sous le terme de Vénus hottentote. C’est une référence qui est souvent revenue dans mes lectures sans que j’eusse pris soin de m’enquérir de l’histoire véritable de ce personnage. De quoi s’agit-il ? Trois ans après l’abolition de la Traite négrière au Royaume Uni, débarque une africaine extraite de sa tribu hottentot. Monts et merveilles lui ont été promis pour qu’elle quitte l’Afrique australe pour Londres. Mais elle ne servira que de bête de foire, exposée nue dans des représentations circassiennes. L’histoire prendra une tournure plus délicate quand, par l’entremise d’un médecin français, elle est transférée à Paris pour être le fruit des études cliniques dans les facultés de médecine parisiennes.La pièce remet en perspective cet épisode douloureux de l’histoire. Par une mise en scène très originale, contemporaine me dira-t-on, on découvre cette Vénus remarquablement interprétée par Gina Djemba. Ses interlocuteurs, ses protagonistes sont remarquablement joués par des comédiens qui nous plongent dans l’ambiance de l’époque, avec un jeu qui emprunte tantôt à la fois à la comédie musicale, tantôt au burlesque. La Vénus n’est pas un être idéalisé. Certes, victime, elle n’en est pas moins dans cette pièce un personnage vénal, qui porte un regard méprisant sur la terre merdique d’où elle vient. Dans l’exploitation dont elle est l’objet, la quête de l’amour ou en tout cas, le besoin d’être aimé semble la seule planche de salut à laquelle elle s’accroche, là où des scientifiques attendent sa disparition pour mieux procéder à leur dissection du chaînon manquant. Le déterreur de mort clame haut les références biographiques extraites de carnets de scientifiques, d’articles de journaux, de compte rendu de procès en exhibition. Il y a une ambiance que je qualifierai de « gothique ». Tout est sombre. Le décor. La luminosité très faible. Sauf le fantastique arrière-train « truqué » de la Vénus. Une pièce qui met quelque peu mal à l’aise. Elle met en scène magnifiquement l’absurdité de la condition humaine, le drame de l’ignorance quand elle est le fait des plus grands savants aveuglés par l’idéologie raciste de l’époque. Mais j’ai eu un peu de mal à adhérer à la deuxième phase de ce spectacle de 2h25, plus fictionnelle, plus improbable sur certains aspects.Il n’empêche. Pour le jeu des acteurs, la mise en scène originale et pour découvrir cette Vénus venue d’Afrique, je vous recommande vivement cette pièce.

Vénus, texte de Suzan-Lori Parks, mise en scène de Christèle Alves Meira Les réservations peuvent être faites au 0153051919  du 11 au 27 Mars 2010.
Vénus de Suzan-Lori Parks à l'Athénée Théâtre Louis Jouvet
Suzan-Lori Parks - Source : Mount Holyoke College

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