La semaine des 21 heures

Publié le 15 mars 2010 par Laurelen
C'est un bonheur, un événement étonnant : la presse anglo-saxonne s'interroge gravement sur la valeur travail, et... sur le modèle français. C'est "Courrier international" qui reprend à sa une les papiers de journaux très sérieux, avec comme titre générique : " Travail, bientôt la semaine des 21 heures".
De quoi faire mourir d'une crise cardiaque la patronne du Médef, hoqueter Sarko, qui ne jure que par les heures sup qui détruisent l'emploi, s'étouffer les traders à cravate qui tuent le monde plus sûrement qu'une guerre nucléaire... Les théoriciens de cette "décroissance raisonnable" ne sont pas des gauchistes acharnés, non plus que des syndicalistes de la CGTR. Ce sont des universitaires, nourris aux mamelles de pays ou le terme "social" rend en écho le mot "communiste". Ainsi, Anna Coote, responsable des politiques sociales à la New economics foundation, explique-t-elle dans un long article au Guardian (carnard de gauche en Angleterre, bon mais être de gauche en Angleterre, c'est comme être chat qui a une affection pour les souris dans le reste du monde) que "Alors que certains travaillent, gagnent, et consomment trop, d'autres ont à peine de quoi vivre". "Une semaine de travail beacoup plus courte nous aiderait (...) à mener une vie plus satisfaisante en répartissant équitablement les activités rémunérées et non rémunérées au sein de la population". Et l'universitaire d'en appeler au modèle français, en expliquant que l'expérience des 35 heures a donné "des résultats mitigés". Mieux, dans Newsweek (pas spécialement un brûlot communiste), Jeffrey Pfeffer, professeur à l'université de Stanford, en Californie, explique pourquoi il est stupide de licencier en période de crise, comme en période de croissance. Au passage, il cite aussi le modèle français : "Les pays où il est plus difficile de licencier -comme (oserai-je le dire ?) la France - ont comparativement mieux résisté à la crise économique mondiale". Le chercheur explique que les licenciements coûtent cher à terme aux entreprises, que, contrairement à une idée reçue, ça ne fait pas monter ses actions en bourse, et que ça n'augmente pas la productivité de l'entreprise. Bref, que c'est de la daube idéologique, le dégraissage étant "le plus beau produit d'exportation américain". "Les faits sont là, lâche Jeffrey Pfeffer, le plus souvent les licenciements font du tort aux entreprises, nuisent à l'économie et anéantissent les hommes". Bon, les hommes, on s'en fout. Mais, quand même, les entreprises et l'économie... c'est important.

François GILLET