L'abstention et le FN

Publié le 15 mars 2010 par Bix

Ambiance en demi-teinte hier soir au Divan du monde. La salle était minuscule (il va falloir qu'on s'habitue à être des grands maintenant) et les rires présents, mais l'abstention et le FN s'ajoutaient à quelques déceptions de scores régionaux en deça de nos espérances folles.

Avant toute chose, reconnaissons que nous pouvons être satisfaits. On devient la 3e force politique nationale, on fait de belles pointes à plus de 15 % en Île-de-France, Rhône Alpes et Alsace, on double les scores dans le Nord-Pas-de-Calais. Dans d'autres régions, nous partions de zéro en raison de la fusion dès le 1er tour en 2004.

On était certes déçu hier, mais en réfléchissant un peu, on se disait que c'était pas si pire.

Mais 2 points jetaient comme une ombre sur la bonne humeur affichée.

L'abstention

On va pas se raconter d'histoire, ça fait chier. Je refuse toutefois de sortir le refrain habituel sur les gens morts pour aller voter et les Irakiens qui ont bravé les terroristes pour accomplir leur devoir électoral. Concrètement, en quoi ça changera la vie d'un couple de smicards avec 2 enfants de rappeler l'histoire de la conquête du suffrage universel en France et dans le monde ? Rien.

Au contraire, plus j'y réfléchis et plus je me dis qu'au contraire, ça donne envie de penser : "sont-ils morts ces combattants, ces révolutionnaires, sont-ils morts, ces Irakiens, pour que notre suffrage universel ne serve plus qu'à donner des postes à ces personnes aujourd'hui...?"

Cette abstention massive, présente à des degrés divers à chaque scrutin depuis des années (y compris aux municipales, soi-disant un scrutin adoré des Français) relativise sacrément notre capacité à nous adresser aux électeurs et à les toucher sur des sujets qui les concernent.

J'ai beaucoup critiqué les médias ces derniers temps. J'estime qu'ils portent une part de responsabilité non négligeable dans la dépolitisation actuelle, dans la manière dont la chose publique est traîtée, avec le point d'orgue de l'annonce de la fermeture de tous les bureaux franciliens à 20h, alors que seul Paris et la Petite couronne ferment à 20h en Île-de-France. Les poids lourds de ces médias de masse (télé, radio, presse écrite) pérorent sur leurs missions d'information mais font de l'entertainment. Qu'ils l'assument, au moins ce sera plus clair pour tout le monde. Personnellement, je préfèrerais que les médias s'engagent à parler un peu plus de fond et de projet, mais je suis un sûrement un rêveur patenté.

Mais il serait trop facile de s'exonérer, en tant que militant de longue date, de la responsabilité de tous les partis. Je suis prêt à défendre que le programme écologiste est le meilleur en pas mal de points, mais il faut se poser la question de le porter à l'oreille de tout le monde. Si on était aussi formidable que ça, les abstentionnistes auraient voté pour nous massivement.

Il faut trouver quoi répondre à ce dégout général, loin de n'être qu'une incompréhension de l'échelon régional. Ce dernier point a dû jouer, certes, mais il n'explique pas les autres abstentions.

Le Front national

À quasiment chaque élection, ça nous fait le coup. Le FN est dans l'angle mort de l'analyse politique française. Ce n'est que quand il déboule sans crier gare qu'on se rappelle qu'il était juste derrière. Certes, il avait essuyé de sérieux revers en 2007 mais les échecs de Sarkozy et sa propension à vouloir ramener sur le tapis les sujets frontistes. On peut aussi remercier Éric Besson et son "débat" sur l'identité nationale, un Besson aux ordres de Sarkozy.

Comme pour l'abstention, je n'ai d'autres solutions que le pari de parler à l'intelligence des électeurs, de trouver les sujets et les réponses qui parlent. Pas de se contenter de crier au retour de la bête immonde ou de la peste brune. Du concret, du projet, du positif contre des élucubrations racistes et malsaines économiquement.

Et la suite ?

Le 2e tour, d'abord ! Prendre toute notre place au sein des exécutifs régionaux et travailler pour faire des régions un instrument de l'opposition, des outils utiles dans la transition écologique de l'économie et de la société et non pas un simple bouclier contre le méchant ultra libéralisme.

Ensuite, et seulement ensuite (même si dans les têtes de certains, on y est déjà un peu) on réfléchit à notre mode d'organisation. Rien ne se fera sans un respect mutuel et une humilité réciproque de toutes les composantes.

À l'heure où j'écris ces dernières lignes, les accords régionaux sont en train d'être conclus. Il parait que ça coince dans certaines régions, fruit de rancœurs en Bretagne, de trop grande gourmandise du Front de Gauche en Nord Pas-de-Calais. J'ai eu vent de rumeurs de problèmes entre les co-listiers Europe Écologie en Île-de-France, mais je ne sais rien.

On a déjà prévu des réunions de débat, vous en aurez sans doute connaissance si ça vous intéresse. Ça sera l'occasion de réactiver notre réseau social pour servir de lieu de débat.

La période qui s'ouvre s'annonce intéressante. Au boulot !