Faute de commenter les élections parlons immigration

Publié le 15 mars 2010 par Nicolas007bis



N’ayant aucune envie de commenter ces bien tristes élections, hélas sans surprise, et surtout pas de me joindre au chœur des pleureuses de l’UMP qui a bien mérité ce qui lui arrive ni à celui beaucoup plus jubilatoire du PS qui lui par contre, n’a pas du tout mérité ce qui lui arrive, je vais revenir sur un fait récent pas si divers que ça !

Il s’agit de l’expulsion puis du retour en grâce par la grâce de Nicolas Sarkozy himself, d’une jeune marocaine Najlae Lhimer.

Bref rappel : Najlae Lhimer faisait l’objet d’une obligation à quitter le territoire français depuis Novembre 2009 mais invoquant la menace d’un mariage forcé au Maroc et soutenue pas un certain nombre d’associations, elle est restée à suivre ses cours dans un Lycée du Loiret.

En février, elle se rend à la Gendarmerie pour porter plainte contre son frère qui l’a battue (manifestement l’individu est coutumier du fait) et non seulement les gendarmes n’ont pas enregistré sa plainte mais ils l’ont interpellée et renvoyée au Maroc via le premier charter disponible.

Cette pitoyable histoire m’amène à la réflexion suivante.

Tout d’abord, je n’accablerais pas les gendarmes.

Les gendarmes ont appliqué la Loi, ils ont fait leur boulot certes d’une manière plutôt bête et méchante ou pour le moins amorale, mais ils ont appliqué la Loi. Ce n’est pas aux gendarmes ou à la Police de décider de qui doit-être expulsé et je ne suis pas de ceux qui, encore tout remués par la représentation cinématographique du sombre épisode du Veld’hiv, prônent la désobéissance civique dans ce type de situations.

Je ne suis pas non plus de ceux qui, poussés par un bon gros sentimentalisme naïf, vont demander la régularisation systématique des immigrés en situation irrégulière. Il faut savoir ce que l’on veut, soit on filtre l’immigration et on accepte que certaines demandes soient refusées et en corolaire évident que ceux qui malgré tout s’incrustent soient expulsés, soit on ouvre grand les portes !

Il ne rime à rien d’établir des règles et de fermer les yeux lorsqu’elles ne sont pas respectées.

La question de l’immigration en France est le type même de sujet foireux qui provoque plus de passions que de débats. C’est un sujet qui fait partie de la longue liste des sujets tabous à propos desquels, ne serait-ce qu’imaginer de lancer le débat, suffit à vous faire classer dans la catégories des (front) nationalistes étroits, xénophobes voire racistes !

Ceci posé, le cas de cette lycéenne montre bien, s’il le fallait encore, que la question de l’immigration n’a pas encore été correctement traitée et, au risque d’avoir l’air de faire dans la petite provocation, il me semble qu’il aurait pu l’être en grande partie via le débat sur…l’identité nationale !

Que constate-t-on dans cette histoire ?

  • Comme déjà dit, que les gendarmes ont appliqués la Loi !
  • Que, Journée de la Femme oblige, les plus hautes autorités françaises ont remises en cause la décision initiale prise, en application de la Loi, à l’égard de cette jeune marocaine !

Il faut dire que Najlae Lhimer constituait le symbole idéal puisqu’ayant le mérite de cumuler à la fois la menace d’un mariage forcé et celle de violences physiques de la part de son frère !

  • Que le frère violent, n’a, à ma connaissance, pas été inquiété, ni expulsé (il est également marocain) puisque manifestement ses papiers sont « en règle » !
  • Et surtout, que pour une fois, un consensus a été trouvé entre les légalistes rigides et les humanitaires tout aussi rigides !

Le problème, c’est que ce consensus est la résultante d’une décision présidentielle !

Il a fallut que le Président de la République, dans des circonstances particulières (journée de la femme) intervienne pour aller à l’encontre d’un processus pourtant légal !

C’est là, qu’à mon sens aurait du intervenir le débat sur l’identité nationale !

Sur quelle base Nicolas Sarkozy à t’il prit cette décision ?

Certainement pas sur une stricte application des lois puisqu’une décision d’expulsion avait été prise et qu’elle n’y avait pas obéi ce qui la mettait dans une situation tout à fait irrégulière au regard de la Loi.

Non, cette décision a été prise sur la base de considération probablement politiques mais surtout « humaines » relevant de certaines valeurs auxquelles la Société française adhère !

La conception que nous avons de la dignité de la femme et de l’égalité homme/femme interdit les mariages forcés et bien évidemment les violences physiques d’un homme sur une femme même s’il s’agit d’un mari, d’un père ou d’un frère !

C'est, pour une fois, la volonté d'affirmer les valeurs de la République française qui ont prévalus dans la décision.

Il parait évident que Nicolas Sarkozy ne va pas s’impliquer personnellement dans tous les cas similaires, et des cas similaires, on ne peut douter qu’il y en ait d’autres !

Et puisque l’issue de cette affaire semble avoir satisfait tout le monde pourquoi ne pas faire en sorte qu’elle puisse se reproduire sans conditions exceptionnelles !

Afin de favoriser ce genre de dénouement et même si je suis conscient qu’un jugement humain plus subjectif peut-être nécessaire dans un certain nombre de cas, il parait nécessaire d’intervenir dans le cadre législatif pour y intégrer les valeurs de la République.

Introduire de telles valeurs dans notre législation aurait le double intérêt de nous permettre d’être à la fois plus exigeant et plus souple dans notre politique d’immigration.

Cela permettrait, d’une part, de pondérer les paramètres actuels par des critères plus humanistes voire à substituer, quelques fois, ces critères à la base actuelle afin qu’ils puissent être auto-suffisants. Cela aurait permis de traiter le cas de Najlae Lhimer et probablement bien d’autres à l‘aulne d’autres critères que les critères froids et automatiques qui ont conduit à la décision de son expulsion.

En contrepartie cela supposerait d’exiger des candidats à l’immigration de s’engager à respecter les valeurs de la République française ce qui faciliterait leur intégration/assimilation par l’acceptation des valeurs, des règles, des normes de la Société qui les accueillent !

En corolaire, cela permettrait de renvoyer ceux qui, ouvertement, bafouent ces valeurs et par là même romprait le contrat moral passé avec la France !

En application de ces exigences, et évidemment si les faits sont bien confirmés, ce n’est pas Najlae Lhimer qui aurait fait l’objet d’une demande d’expulsion mais son frère !

Bien évidemment, tout cela suppose en préalable indispensable, que les valeurs dans lesquelles la République Française se reconnait soient bien identifiées voire réaffirmées. C’est en cela que je considère que le débat sur l’identité nationale aurait été important !....Le problème c’est qu’en France, on ne sait pas ou ne veut pas débattre, on confond contestation systématique et débat, on confond anathème et dialogue, alors ne nous plaignons pas que le dernier mot soit laissé à quelques zélés et froids fonctionnaires de préfecture !