N’ayant aucune envie de commenter ces bien tristes élections, hélas sans
surprise, et surtout pas de me joindre au chœur des pleureuses de l’UMP qui a
bien mérité ce qui lui arrive ni à celui beaucoup plus jubilatoire du PS qui
lui par contre, n’a pas du tout mérité ce qui lui arrive, je vais revenir sur
un fait récent pas si divers que ça !
Il s’agit de l’expulsion puis du retour en grâce par la grâce de Nicolas
Sarkozy himself, d’une jeune marocaine Najlae Lhimer.
Bref rappel : Najlae Lhimer faisait l’objet d’une obligation à quitter
le territoire français depuis Novembre 2009 mais invoquant la menace d’un
mariage forcé au Maroc et soutenue pas un certain nombre d’associations, elle
est restée à suivre ses cours dans un Lycée du Loiret.
En février, elle se rend à la Gendarmerie pour porter plainte contre son
frère qui l’a battue (manifestement l’individu est coutumier du fait) et non
seulement les gendarmes n’ont pas enregistré sa plainte mais ils l’ont
interpellée et renvoyée au Maroc via le premier charter disponible.
Cette pitoyable histoire m’amène à la réflexion suivante.
Tout d’abord, je n’accablerais pas les gendarmes.
Les gendarmes ont appliqué la Loi, ils ont fait leur boulot certes d’une
manière plutôt bête et méchante ou pour le moins amorale, mais ils ont appliqué
la Loi. Ce n’est pas aux gendarmes ou à la Police de décider de qui doit-être
expulsé et je ne suis pas de ceux qui, encore tout remués par la représentation
cinématographique du sombre épisode du Veld’hiv, prônent la désobéissance
civique dans ce type de situations.
Je ne suis pas non plus de ceux qui, poussés par un bon gros sentimentalisme
naïf, vont demander la régularisation systématique des immigrés en situation
irrégulière. Il faut savoir ce que l’on veut, soit on filtre l’immigration et
on accepte que certaines demandes soient refusées et en corolaire évident que
ceux qui malgré tout s’incrustent soient expulsés, soit on ouvre grand les
portes !
Il ne rime à rien d’établir des règles et de fermer les yeux lorsqu’elles ne
sont pas respectées.
La question de l’immigration en France est le type même de sujet foireux qui
provoque plus de passions que de débats. C’est un sujet qui fait partie de la
longue liste des sujets tabous à propos desquels, ne serait-ce qu’imaginer de
lancer le débat, suffit à vous faire classer dans la catégories des (front)
nationalistes étroits, xénophobes voire racistes !
Ceci posé, le cas de cette lycéenne montre bien, s’il le fallait encore, que
la question de l’immigration n’a pas encore été correctement traitée et, au
risque d’avoir l’air de faire dans la petite provocation, il me semble qu’il
aurait pu l’être en grande partie via le débat sur…l’identité nationale
!
Que constate-t-on dans cette histoire ?
- Comme déjà dit, que les gendarmes ont appliqués la Loi !
- Que, Journée de la Femme oblige, les plus hautes autorités françaises ont
remises en cause la décision initiale prise, en application de la Loi, à
l’égard de cette jeune marocaine !
Il faut dire que Najlae Lhimer constituait le symbole idéal puisqu’ayant le
mérite de cumuler à la fois la menace d’un mariage forcé et celle de violences
physiques de la part de son frère !
- Que le frère violent, n’a, à ma connaissance, pas été inquiété, ni expulsé
(il est également marocain) puisque manifestement ses papiers sont « en
règle » !
- Et surtout, que pour une fois, un consensus a été trouvé entre les
légalistes rigides et les humanitaires tout aussi rigides !
Le problème, c’est que ce consensus est la résultante d’une décision
présidentielle !
Il a fallut que le Président de la République, dans des circonstances
particulières (journée de la femme) intervienne pour aller à l’encontre d’un
processus pourtant légal !
C’est là, qu’à mon sens aurait du intervenir le débat sur l’identité
nationale !
Sur quelle base Nicolas Sarkozy à t’il prit cette décision ?
Certainement pas sur une stricte application des lois puisqu’une décision
d’expulsion avait été prise et qu’elle n’y avait pas obéi ce qui la mettait
dans une situation tout à fait irrégulière au regard de la Loi.
Non, cette décision a été prise sur la base de considération probablement
politiques mais surtout « humaines » relevant de certaines valeurs
auxquelles la Société française adhère !
La conception que nous avons de la dignité de la femme et de l’égalité
homme/femme interdit les mariages forcés et bien évidemment les violences
physiques d’un homme sur une femme même s’il s’agit d’un mari, d’un père ou
d’un frère !
C'est, pour une fois, la volonté d'affirmer les valeurs de la République
française qui ont prévalus dans la décision.
Il parait évident que Nicolas Sarkozy ne va pas s’impliquer personnellement
dans tous les cas similaires, et des cas similaires, on ne peut douter qu’il y
en ait d’autres !
Et puisque l’issue de cette affaire semble avoir satisfait tout le monde
pourquoi ne pas faire en sorte qu’elle puisse se reproduire sans conditions
exceptionnelles !
Afin de favoriser ce genre de dénouement et même si je suis conscient qu’un
jugement humain plus subjectif peut-être nécessaire dans un certain nombre de
cas, il parait nécessaire d’intervenir dans le cadre législatif pour y intégrer
les valeurs de la République.
Introduire de telles valeurs dans notre législation aurait le double intérêt
de nous permettre d’être à la fois plus exigeant et plus souple dans notre
politique d’immigration.
Cela permettrait, d’une part, de pondérer les paramètres actuels par des
critères plus humanistes voire à substituer, quelques fois, ces critères à la
base actuelle afin qu’ils puissent être auto-suffisants. Cela aurait permis de
traiter le cas de Najlae Lhimer et probablement bien d’autres à l‘aulne
d’autres critères que les critères froids et automatiques qui ont conduit à la
décision de son expulsion.
En contrepartie cela supposerait d’exiger des candidats à l’immigration de
s’engager à respecter les valeurs de la République française ce qui
faciliterait leur intégration/assimilation par l’acceptation des valeurs, des
règles, des normes de la Société qui les accueillent !
En corolaire, cela permettrait de renvoyer ceux qui, ouvertement, bafouent
ces valeurs et par là même romprait le contrat moral passé avec la France
!
En application de ces exigences, et évidemment si les faits sont bien
confirmés, ce n’est pas Najlae Lhimer qui aurait fait l’objet d’une demande
d’expulsion mais son frère !
Bien évidemment, tout cela suppose en préalable indispensable, que les
valeurs dans lesquelles la République Française se reconnait soient bien
identifiées voire réaffirmées. C’est en cela que je considère que le débat sur
l’identité nationale aurait été important !....Le problème c’est qu’en France,
on ne sait pas ou ne veut pas débattre, on confond contestation systématique et
débat, on confond anathème et dialogue, alors ne nous plaignons pas que le
dernier mot soit laissé à quelques zélés et froids fonctionnaires de préfecture
!