Lorsque Ridley Scott est en très grande forme ça peut faire très mal. American Gangster s'impose comme une fresque poignante et impactante. Un de ces polars qui donne à jubiler offrant à deux grands acteurs deux très grands rôles sans oublier un scénario profond jouant sur deux tableaux. Ici Scott ne parle pas que d'une chasse à l'homme sous forme d'enquête passionnante. Non. American Gangster va plus loin en approfondissant la toile de fond du film à savoir les différences ethniques et tout un pan d'Histoire de l'Amérique. Une formidable chronique sociale axée sur deux destins : celui du gangster et celui du flic tenace.
Bâtit sur la même formule que le Heat de Michael Mann, le film de Ridley Scott suit les destins parallèles des deux héros en les mettant en constante opposition jusqu'à leur rencontre fatidique. Des 2h40 de bobine, les personnages de Franck Lucas et Richie Roberts ne se croiseront qu'une fois de très loin avant de se rencontrer lors d'une longue scène finale d'une richesse psychologique inouïe. Le reste du fim s'attarde sur la montée en puissance de Lucas, sa confrontation avec les ripoux de la police, son amour désabusé pour une femme splendide, ses valeurs de respect qu'il tente d'imposer et surtout ses valeurs familiales déboussolantes lors desquelles nous nous apercevons que sa soif de réussite est la chose la plus importante de sa vie. Un combat intense pour ne jamais perdre la face.
Face à cela, Roberts hésite entre sa carrière au barreau et son poste de lieutenant au département de police. Il est hanté par ses problèmes de couple, a du mal à gérer sa vie amoureuse, tente par dessus tout de conserver la garde de son fils et bien entendu déploie toutes ses forces pour coincer le célèbre Franck Lucas qui va passer du caméléon incognito à parrain du crime numéro 1 recherché par les autorités.
Durant près de 3 heures nous assistons à ces deux vies, ces deux caractères, ces deux ascensions et à l'enquête qui gravite autour d'eux. Plus l'intrigue avance, plus leurs liens opposés se resserrent, plus le ryhtme s'intensifie. La passion pour cette sombre affaire de corruption, de pouvoir et de réussite va crescendo jusqu'à exceller dans une dernière scène voyant l'affrontement des deux héros autour d'une table. Un très grand moment durant lequel tous les parallèles établis pendant le film (finalement les Lucas et Roberts aspirent à la même chose et vivent les mêmes schémas narratifs de manière opposée) se confrontent pour un meilleur dénouement. Une fin assez surprenante et une grande leçon de morale pour ceux ne connaissant pas l'issue de l'affaire originelle (mieux vaut d'ailleurs préserver le mystère).
Rythmé par un montage brillant, une B.O de circonstance et une documentation précieuse, le film de Ridley Scott carbure au super tout en sobriété. La plupart du temps c'est d'intensité dramatique dont il s'agit. Mais que serait également American Gangster sans son fabuleux casting ? Mené tambour battant par Denzel Wshington et Russel Crowe tous deux impeccables les seconds rôles se bousculent au portillon, tous formidables (Josh Brolin, KaDee Strickland, Roger Bart, Cuba Gooding Jr, John Hawkes, Ted Levine, The RZA, Carla Gugino, Armand Assante, Joe Morton...)
Un film important, complexe, maîtrisé, intelligent et surtout très intense privilégiant la réflexion à l'action (si ce n'est une fusillade dantesque en fin de parcours). American Gangster (mix étrange entre la narration de Heat et le sujet proche de celui de Blow) est une pure merveille que seul le manque de surprise vient entâcher... c'est à dire presque rien.
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Pourquoi y aller ?
Pour la réalisation dantesque de Ridley Scott tout en sobriété et rigueur. Pour le scénario fouillé et documenté. Pour la chronique sociale qui brûle sous la trame du thriller. Pour l'interprétation magistrale.
Ce qui peut freiner ?
Le schéma narratif du film déjà vu aupravant. C'ets tout.
Pitch : Début des années 1970, New York. Frank Lucas a vécu pendant vingt ans dans l'ombre du Parrain noir de Harlem, Bumpy Johnson, qui en fait son garde du corps et confident. Lorsque son patron succombe à une crise cardiaque, Lucas assure discrètement la relève et ne tarde pas à révéler son leadership, son sens aigu des affaires et son extrême prudence, en prenant pour auxiliaires ses frères et cousins et en gardant un profil bas. Inconnu de la police comme des hautes instances de la Cosa Nostra, Lucas organise avec la complicité d'officiers basés au Vietnam un véritable pont aérien et importe ainsi par avions entiers des centaines de kilos d'héroïne pure, qu'il revend à bas prix dans les rues de New York.
Tandis que Lucas amasse ainsi, en toute discrétion, une fortune colossale, l'inspecteur Roberts du NYPD enquête patiemment sur l'origine et le fonctionnement de ce marché parallèle d'un genre inédit, et finit par soupçonner l'insaisissable Frank Lucas. Une étrange partie de cache-cache commence alors entre ces deux solitaires perfectionnistes dont les destins seront bientôt inextricablement mêlés...
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Notre avis : Une histoire vraie pour un film éblouissant tout en sobriété, rigueur et virtuosité. Ajoutons à cela un scénario malin sans oublier un casting très haut de gamme et le compte est bon...