Saez et la censure

L’Autorité de régularisation professionnelle de la publicité (Arpp) a récemment rendu son avis sur l’affiche de concert du musicien Damien Saez.
Cette affiche serait “dégradante pour l’image de la femme”.

Suite à cet avis les sociétés CBS Outdoor, Clear Channel, Decaux et Mediatransport, chargées de l’affichage dans le métro parisien et sur les kiosques à journaux ont refusé d’afficher cette publicité.

Déjà je m’étonne un peu que l’ARPP ait à juger les supports culturels même s’ils sont publicitaires. Il me semble qu’il y a une légère différence entre une affiche annonçant un concert et un pot de yaourt.
Les deux promeuvent certes quelque chose ; un produit ou un artiste mais il ne me semble pas qu’on puisse les mettre au même niveau.

EN 2008, l’ARPP avait fait un bilan sur l’image de la personne humaine dans la pub.
Ils auraient ainsi examiné plus de 90 000 visuels sur un an (soit 246 par jour si on compte les dimanche et autres jours fris ; ils sont combien à l’ARPP ?) et ont trouvé 46 visuels portant atteinte à la dignité de la personne. 46. On ne doit décidément pas regarder les mêmes publicités.

Ce rapport n’a débouché sur aucune censure de la part des sociétés telles Decaux.

Reprenons maintenant l’affiche de Saez. On a donc le corps d’une femme dénudée dans un caddie avec inscrit “J’accuse”. L’on me dit que le “J’accuse” ne se voit pas. Je propose que l’on brûle immédiatement “L’origine du monde” ; sans le titre c’est complètement pornographique et dégradant.
Une œuvre artistique ne se prend pas sans son contexte ; il convient donc, avant toute censure d’analyser l’image entière,de voir à quoi Saez se réfère et pourquoi il le fait.
Après étude du contexte, on s’aperçoit que l’affiche est en fait antisexiste.

Faut-il pour dénoncer une situation discriminante, ne pas pratiquer l’ironie ? Saez aurait il du plutôt écrire “il y en a marre du corps des femmes marchandisé” ?
Est ce que, lorsque je mets des pubs anciennes très sexistes, dans mes textes, je cherche à vous faire passer, de façon subliminale, un message sexiste ?

Si l’ARPP, s’ennuie, n’y-a-t-il pas d’autres affiches à examiner ? Est ce que les pubs pour le produits ménagers ne sont pas sexistes ? Est ce que la dernière pub Charal n’est pas puante ?

Je pense très franchement que Saez s’est trompé sur cette affiche ; je pense aussi pour l’avoir écouté en interview qu’il est parfaitement sincère. Il est bien clair, que dans le métro, où l’on est dans l’urgence, on ne voit qu’une femme nue et pas le contexte. Je pense que son affiche serait vue comme “une de plus” et pas comme une dénonciation. Mais je comprends sa démarche ; j’y pensais hier en écrivant mon texte sur la novlangue qui m’a valu d’être traitée de raciste. Quand on propose un texte, une image, il faut être sûr qu’elle soit accessible au plus grand nombre si on veut éviter les incompréhensions (on peut s’en foutre). Je ne suis pas sûre que chacun soit apte à décrypter cette image telle que Saez veut qu’elle le soit ; c’est donc, à mon sens, raté. mais, bien évidemment cela ne justifie aucune censure.

La charité chrétienne m’oblige à ne rien dire sur Florence Montreynaud, présidente des chiennes de garde. On ne tire pas sur une ambulance et mes relations avec cette association sont si cordiales depuis dix ans que je m’en voudrait de mettre fin à cette franche camaraderie.
Mais, par pitié, Frédéric Taddei, vous n’aviez personne d’autre à inviter le 8 mars ?