Il y parfois dans l'actualité de drôles de collisions. Début avril, la demi-finale de
coupe de France de football entre Marseille et Nantes, retransmise sur France Télévision, se jouait quelques heures après la disparition du reporter sportif Raymond Marcillac, l'un des pionniers
de l'ORTF. Patrick Monteil, commentateur multicarte, lui rendait à l'antenne un hommage mérité, puis entamait avec son consultant Xavier Gravelaine, son formidable numéro de duettiste. Le
service public a t-il tellement changé depuis les années de Gaulle ? Pas tant que ça, à en juger par le traitement de l'info sportive sur France Télévision. Ce soir-là, un son digne des JO de
1968 à Mexico et le commentaire, ah le commentaire ! Consigne : ne surtout pas destabiliser le téléspectateur du service public, dont le propre est, semble t-il, d'être doté de trois neurones
qu'il utilise uniquement pour doser l'anisette à l'heure de l'apéro. Extrait de dialogue à l'antenne. Le consultant : "Ce soir, Marseille roule au diesel !" Le commentateur : "Plutôt
au sans plomb, mais pas 98 !" Le consultant : "1998, l'année de la coupe du monde ?" Arf, Arf… Pendant ce temps, le jeu se poursuit, mais Daniel Lauclerc, l'homme de terrain, veille
et note en connaisseur : "Ribéry, il a été longtemps blessé, mais maintenant, il a du jus !" Manque de pot, le feu follet marseillais sort sur blessure deux minutes plus tard. Ok Daniel,
remets ta tournée, on jouera le "Rib" dans la troisième gagnant-placé…
Mais le football n'est pas une exception sur France Télévision. Le couple Nelson Monfort - Philippe Candeloro y bouleverse aussi
le monde du patinage à chaque compétition. D'un côté Nelson avec ses enthousiasmes de mémère et de l'autre Candel et son bon sens de titi ça donne, après la prestation parfaite d'une Asiatique
aux championnats du monde : "Celle-là, elle aura bien mérité son bol de riz !" À inscrire en lettres d'or dans l'Almanach Vermot… Toujours plus fort avec le cyclisme ! Pour cause
d'actualité sportive chargée, les amateurs n'ont ainsi eu droit cette saison qu'à une dizaine de minutes d'antenne sur le Tour des Flandres. La logique, aurait voulu qu'on nous présente au moins
un montage des meilleurs moments de la course. Non, nos fins analystes ont préféré nous montrer les derniers kilomètres de l'épreuve, au demeurant sans intérêt. Un peu comme si un Paris-Roubaix
se limitait à l'arrivée sur le vélodrome, sans une seule minute de pavés ! Fortiche non ? Mais venons-y justement à "L'Enfer du Nord". Qu'ils furent laborieux sur France Télévision les
commentaires de la course ! Même en aimant le vélo et avec la meilleure volonté du monde, on avait le sentiment d'être aussi largués que les journalistes en cabine. La faute à une moto tombée en
panne en début d'épreuve, dixit Henri Sannier. Certes. Mais sur Eurosport, ils avaient tout de même l'air de mieux sentir la course. Ce sont des spécialistes, pas le même monde mon bon
Monsieur…
Daniel Bilalian ne dit pas autre chose d'ailleurs, lorsqu'il déclare : "Nous, nous devons offrir au public de l'émotion, du
rire et, si possible, la Marseillaise au bout !" Ça s'est envoyé ! Un bémol tout de même, cher Gros Bill : encore faut-il faire en sorte de tenir le téléspectateur éveillé jusqu'au podium .
Et là, ce n'est pas gagné…