1er tour des régionales : les raisons d’un vote sanction.

Publié le 15 mars 2010 par Alaindumait

Les résultats du deuxième tour des élections régionales, dimanche prochain, permettront d’actualiser le rapport droite/gauche, qui lui même détermine l’équilibre politique général du pays.

On sait qu’au deuxième tour de toute élection à deux tours, l’ensemble de la gauche se rassemble, soit au terme d’accords entre appareils, soit par de simples réflexes des électeurs à la base.

Mais à droite, les choses sont différentes. Le Front national demeure plus que jamais diabolisé et les centristes du MODEM semblent avoir rompu définitivement les amarres avec l’UMP.

Si bien que celle-ci ne peut compter que sur un sursaut des abstentionnistes pour améliorer le 21 mars son score du 14 (http://elections.interieur.gouv.fr/FE.html). Compte tenu du faible enjeu politique relatif que constitue cette consultation, il est peut probable que les lignes changent beaucoup.

Dans ces conditions la gauche rassemblée est à 55%, l’UMP à 29, le FN à 12 et le Modem à 4. L’élection présidentielle de 2012 se présente donc pour la droite sous les pires auspices…

C’est évidemment la politique du Chef de l’Etat et de son gouvernement qui a été lourdement sanctionnée, aussi bien par les 10,6 millions de voix recueillies par la gauche que par les 55,4% d’abstentions, votes blancs ou nuls.

Certains commentateurs mettent ce résultat sur le dos du caractère d’élection «intermédiaire» de ces régionales. Ils ont tort. il n’y a pas de loi de la science politique selon laquelle les élections intermédiaires seraient toujours défavorables au pouvoir en place. Sauf quand la déception envahit les électeurs de la majorité en place…

Quelles sont donc les raisons d’un vote sanction d’une ampleur rarement observée et inattendue (même rue de Solférino) ?

La question renvoie aux promesses explicites ou implicites du candidat Nicolas Sarkozy.

Qu’attendaient donc ses 19 millions d’électeurs du 6 mai 2007 ?

Sans aucun doute des résultats dans trois domaines, celui de la sécurité au quotidien, celui de l’autorité sur la sphère publique (qui est placée par la Constitution sous l’autorité du gouvernement), et celui de l’économie.

S’agissant de la sécurité, au delà du détail des statistiques publiées par le ministère de l’intérieur, la question est de savoir s’il y a aujourd’hui en France plus ou moins de quartiers de non-droit, si les ghettos urbains – où demeurent 2 à 3 millions de personnes – ont disparus ou non. S’il est plus risqué ou non de prendre le métro à Paris, le RER en banlieue, les TER en province. Si les trafics de drogue augmentent ou diminuent… A cet égard l’opinion générale est que la situation continue à se dégrader.

S’agissant de l’autorité de l’Etat, sur sa propre administration, ses propres services ses propres entreprises, la situation s’est encore détériorée. Le gouvernement donne l’impression de reculer sans cesse et d’être aux ordres de ses serviteurs. Ni l’Education nationale, ni les hôpitaux, ni les personnels des crèches, ni les juges, ni les fonctionnaires du contrôle de l’espace aérien ne lui obéissent… Et, quand il arrive à faire passer une réforme, c’est en contrepartie de concessions plus importantes que le terrain récupéré. Exemple du régime de retraites des fonctionnaires. Même les nominations des responsables d’entreprises publiques se font en application d’un système de cogestion de fait qui n’a jamais été aussi fort. Ne dit-on pas que la nomination de M. Proglio à la tête d’EDF aurait été décidée à l’occasion d’un tête à tête entre M. Guéant et M. Thibault, le patron de la CGT ?

S’agissant de la politique économique, le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas du tout raisonnable. Les déficits ne cessent de gonfler la dette. Avant deux ans nous serons obligés de demander soit l’aide des Allemands soit celle du FMI. Nous voilà revenus 50 ans en arrière, avant que le général de Gaulle ne remette de l’ordre dans les finances de la France.

On dira que c’est à cause de la crise, ou de l’euro, ou bien des Chinois …

La vérité est que nous sommes gouvernés par des pleutres ! Qui obéissent à ceux qui devraient nous servir, et donc les servir !

Ces déficits, accumulés depuis 37 ans, ne sont que le résultat de toutes les mauvaises gouvernances accumulées durant cette période, aussi bien l’immigration sans contrôle que l’obésité de la sphère publique.

On me dira : «mais la gauche fera pire !». C’est sans doute vrai. C’est pourquoi il sera difficile de pardonner à Nicolas Sarkozy d’avoir préféré faire une politique de gauche, avec des transfuges de la gauche, plutôt qu’une politique de droite, avec des hommes d’ordre et de bon sens.