femme caressant un personnage squelettique aux traits simiesques
Museo larco , Lima , photo Daniel gianno
Musée du Quai Branly
Commissaire d’exposition : Steve Bourget, professeur associé du département Art et Histoire de
l’art à l’Université du Texas, Austin.
Conseiller scientifique : Anne-Christine Taylor, directeur du département de la recherche et de
l’enseignement du musée du quai Branly.
Tous ces êtres sont pris dans des cycles de reproduction impliquant le basculement d’une
moitié à l’autre, dans le cadre de grands rituels collectifs où les sacrifices, notamment de
guerriers prisonniers, occupaient une place importante.
Cette civilisation précolombienne de premier plan, contemporaine de la culture nazca de la
côte sud, se situe au rang des plus grandes cultures indigènes des Andes, au même titre que
l’empire inca qu’elle précède de plus de cinq siècles. Elle s’est développée du Ier siècle au
VIIe siècle de notre ère dans une zone aride du nord du Pérou. Des sites funéraires imposants
(tels celui du « Seigneur de Sipan », exhumé en 1987), et les huacas (immenses sites
cérémoniels de forme pyramidale), ont permis d’approfondir les connaissances sur cette
civilisation grâce aux nombreux témoignages exhumés des sépultures et aux peintures murales
qui ornent les monuments funéraires.
L’exposition invite à découvrir cette civilisation précolombienne par le prisme de sa
mythologie unique qui, en l’absence d’écriture, nous est transmise par une imagerie propre
qui témoigne de la surprenante rencontre du sacré, de l’acte sexuel et de la mort.
Il est important de comprendre que les images sexuelles figurant sur les céramiques mochica
ne sont pas des illustrations de la vie quotidienne de la société Moche. Aussi, leur
interprétation ne peut se baser sur les idées et valeurs de notre propre société : leur message doit être déchiffré à partir d’une reconstruction du contexte particulier du monde des
Moche, que propose cette exposition.
En mettant particulièrement l’accent sur la production céramique, facette de l’artisanat
Mochica particulièrement riche et connue pour son abondance et son réalisme, l’archéologue
Steve Bourget révèle le résultat des recherches qu’il a effectuées en étudiant de manière
systématique l’ensemble de l’iconographie Moche.
Toutefois, les interprétations présentées dans l’exposition sont nécessairement spéculatives,
compte tenu du caractère lacunaire des sources archéologiques relatives à cette
civilisation.
L’exposition s’appuie librement sur l’ouvrage publié par Steve Bourget, en 2006 : Sex, Death
and Sacrifice in Moche Religion and Visual Culture.
Les vestiges de la culture mochica renvoient à une cosmologie complexe organisée selon un
principe dualiste, typique aujourd’hui encore des cultures indigènes des Andes : l’univers et
les phénomènes qui le composent sont scindés en deux parties, et les éléments du monde,
regroupés par paires, sont assignés à l’une ou l’autre partie.
La société mochica, telle qu’elle est représentée dans
l’iconographie, regroupe quatre grandes classes
d’êtres :
- les vivants (humains et animaux domestiques),
- les morts,
- les esprits animaux,
- les divinités principales ou esprits ancestraux.
Personnage anthropomorphe assis
© Museo Larco, Lima-Pérou