Comme son nom l’indique, Philippe IV le Bel était beau*.
Durant son mémorable règne de 29 ans, le valeureux monarque fut le premier roi de France à jeter les bases
d'une administration centralisée, à créer un état organisé par un réel appareil législatif et non par les primitifs liens féodaux entre vassaux et suzerains.
Son grand-père Saint Louis avait le souci de la justice (qu’il rendait sous son chêne).
Le petit-fils ressuscite le droit romain et ajoute le règlement au sentiment.
Accessoirement, c’est aussi lui qui a dissout l’ordre des Templiers, ces moines soldats qui prospéraient depuis
le début des Croisades, deux siècles auparavant. Au fil des huit pèlerinages guerriers (entrepris non seulement pour délivrer le divin Tombeau et rapporter le Graal, mais aussi pour réagir aux
massacres de Chrétiens perpétrés en Terre Sainte), les Templiers bâtissent des relais fortifiés sur la route des Croisés, qui peuvent déposer leur argent au départ, et le retrouver à chaque étape
contre un bon : à la tête d’un système bancaire élaboré, ils inventent donc le chèque. Mais riche et puissante, cette armée de banquiers inquiète le pouvoir royal, qui aimerait aussi mettre la
main sur ses trésors. En 1307, tous les Templiers sont arrêtés, torturés, brûlés vifs, et leurs biens confisqués.
C’est sur le bûcher que le maître de l’ordre aurait proféré la malédiction qui affligea la descendance du
roi.
En effet, Philippe IV fut le dernier grand souverain capétien en ligne directe, avant la funeste série (pas
seulement télévisée) des Rois Maudits racontée par Maurice Druon, tous morts brutalement et très jeunes, voire bébés : sans descendance, la succession ira à la branche des Valois, dont
le rameau le plus illustre sera, deux siècles plus tard, François Ier.
(*Voilà pour apaiser les éventuels inconditionnels fanatiques de Sa médiévale Majesté s’il en existe
encore. On n’est jamais trop prudent.)
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 5 février 2010