Quel destin ! quel gâchis ! quelle poisse ! De telles exclamations sont tout à fait naturelles pour évoquer la grande figure de Patrice Émery Lumumba. Car son parcours politique aura été fugace. Très fugace même – Il fut assassiné à l’âge de 36 ans. De lui, on sait qu’il né le 2 juillet 1925 à Onalua. Qu’il avait été journaliste à Léopoldville et à Stanleyvillle, puis premier-ministre de Joseph Kasa-Vubu, l'un des principaux personnages de l'indépendance du Congo. Mais, entre les deux hommes politiques, l’idylle ne durera pas longtemps… Entre-temps, un putsch éclate. Et c’est Joseph Désiré Mobutu qui en a les commandes. Arrêté, Lumumba sera conduit à Elisabethville, au Katanga. Il y connaîtra des humiliations, une fusillade de la part de Moïse Tshombé (le chef sécessionniste katangais). Dans cette exécution, plusieurs historiens soutiennent la thèse d’une complicité évidente, incontestable, de certaines nations occidentales. D’abord les Etats-Unis d’Eisenhower qui souhaitaient la disparition du « premier héros national » pour ne pas que le Congo embrasse le communisme ; ensuite la Belgique qui redoutait son credo d’indépendance économique. Le royaume belge a donc été complice. Mais, par rapport à l’histoire, quelques mots peuvent hâter sa rédemption : « À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité. »
Guillaume Camara