Le 25 septembre 1958, le général De Gaulle est à Conakry pour parler du projet d’union-partenariat entre la France et ses colonies. Une foule en liesse, endimanchée, protestataire, l’attend. Ahmed Sékou Touré prend la parole : « Il n’y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. » Et De Gaulle de répondre : « L’indépendance est à la disposition de la Guinée mais la France en tirera les conséquences. » Effectivement, trois jours plus tard, lors du référendum organisé, la Guinée officialise son « non » à De Gaulle. La France se retire de la Guinée. Elle la bannit. La rejette. Tout comme certains leaders africains qui désapprouvaient la posture guinéenne. Commence alors une longue période d’isolement politique et diplomatique pour cette jeune nation indépendante… Sékou Touré se fait tout de même aider par certains progressistes. Par la Chine et l’Union soviétique. Mais que retenir de lui ? De cet enfant de Faranah, né le 9 janvier 1922 ? Politiquement, il fut un fin tacticien, un partisan du socialisme. C’était également un orateur de haut vol, un ancien syndicaliste qui participa en 1946, à Bamako, à la création du Rassemblement démocratique africain (RDA). Pendant plus de deux décennies, il règnera sur la Guinée. Se fera appeler le « responsable suprême de la Révolution ». S’il aimait les mots, il abhorrait la démocratie, les libertés. Il était un sanguinaire. Un sanguinaire qui a rendu l’âme le 26 mars 1984, à Cleveland, aux Etats-Unis. Les Guinéens se souviennent encore de ses deux legs épouvantables : le camp Boiro (où il exécuta la plupart de ses opposants) et la pauvreté.
Guillaume Camara