En visitant le mémorial dédié aux victimes du génocide rwandais, Nicolas Sarkozy a entendu une phrase : « Ici, c’est la responsabilité française ». Le chef d’Etat français
y a-t-il répondu, derechef ? Non. Mais, quelques heures plus tôt, il prononça quelques mots. Des mots qui avaient la couleur d’un mea culpa : « Ce qui s'est passé ici
est inacceptable, mais ce qui s'est passé ici oblige la communauté internationale, dont la France, à réfléchir à ses erreurs qui l'ont empêchée de prévenir et d'arrêter ce crime
épouvantable. » Crime épouvantable. Crime de lèse-humanité. Voilà ce qu’ont laissé faire, en 1994, au Rwanda, dans ce petit pays d’Afrique, les plus hauts dignitaires du monde,
souvent enclins à proclamer à longueur de conférences, les fameux droits de l’homme. Leur inertie a permis l’inacceptable. Leur silence a décuplé la fureur moribonde du bourreau. Pourtant, cela
ne doit pas nous rendre « otages du passé », comme l’a, si justement dit, le président Paul Kagamé (photo). Il nous faut regarder vers l’avant. Construire un présent respectueux de
l’Homme. Et de la justice. Notamment celle qu’on doit à tous ces morts, à tous ces exécutés, dont le souvenir tragique continuera de hanter longtemps notre conscience.