Médias, publics et conflit israélo-palestinien : une histoire de désamour
Pour un journaliste, informer le public sur le conflit israélo-palestinien n'est jamais facile. Quoi qu'il fasse, qu'il dise ou qu'il écrive, il sait qu'il sera critiqué pour son parti-pris, réel ou imaginé, pour ses origines, sa religion, ou encore pour son appartenance à tel ou tel média, lui même catalogué. Le débat sur le traitement journalistique du conflit le plus médiatisé au monde en deviendrait presque autant enflammé que celui sur le conflit lui-même.
Jérôme Bourdon, directeur du département de communication de l'université de Tel-Aviv, a décidé d'analyser cet « impossible récit » de manière universitaire. En se basant sur les principales critiques émises aux médias pour leur couverture du conflit, il tente d'en comprendre les causes et, également, les conséquences. Les rapports entre correspondants et rédacteurs-en-chef sont analysés, ainsi que les différences pouvant exister entre médias européens et nord-américains, ou encore la banalisation de l'accusation d'antisémitisme et le glissement sémantique de certains termes.
Ambitieux voire même courageux, l'ouvrage de Jérôme Bourdon s'impose pour l'instant comme une référence. Loin de la littérature partisane que l'on peut lire sur le sujet (D. Sieffert, B. Guigue), il pousse l'analyse dans une réflexion encore jamais atteinte. Sans pour autant être exempt de toutes critiques, il propose un nouveau regard sur le métier même de journaliste -desks comme correspondants ou agenciers- et, en filigrane, sur les éternels insatisfaits du traitement de l'information sur le conflit israélo-palestinien. Mais peut-on se satisfaire vraiment de l'information qui nous vient d'un conflit qui ne satisfait personne, et dont tout le monde (ou presque) aimerait qu'il se termine ?
–« Le récit impossible : le conflit israélo-palestinien et les médias » (De Boeck / Ina) de Jérôme Bourdon / 240 p. / 24 € 50
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