A Single Man

Brillante première pour le couturier Tom Ford, qui signe ici une première incursion dans le cinéma, en adaptant un ouvrage de Christopher Isherwood. Un film classe et posé, autour du deuil et de la vie.

Georges tente de surpasser la mort de son ami, survenu quelques mois plus tôt dans un accident de voiture. Seul dans sa grande maison, au milieu d’un voisinage qui l’ignore et d’un travail de professeur d’université qui est devenu routinier, Georges n’entrevoit qu’une solution à son calvaire quotidien. Quand l’amour surpasse la mort, le survivant morfle. Et Georges a beau être tout ce qu’il y a de plus commun, il a bien trop aimé pour oublier ce pan important de sa vie. A un détail près, il est homosexuel. Et vivre en Californie en 1962, c’est apprendre à rester discret sur cette attirance peu appréciée de la société. Sans moyen de vraiment s’exprimer, Georges en vient donc à se replier sur lui-même, dissimulant même à sa meilleure amie son malaise. Colin Firth, accompagné de Julianne Moore et Matthew Goode, restitue parfaitement la rigidité de cette époque, entre une vie sociale visible et épanouie, et un mal-être profond et enraciné condamné à rester enfoui au fin fond de chacun.

Tom Ford filme bien. Pour un premier film, les plans sont carrés et sans artifice, se concentrant sur le sujet. Une image symétrique et très classe qui conforme le film entier à l’époque de l’action. Comme le héros au début du film qui suit les codes vestimentaires et sociaux sans réelle envie, le film dresse de manière très carré un cadre où les acteurs peuvent ensuite s’exprimer. La preuve en est, on retrouve ici un Colin Firth qui a enfin un rôle à sa mesure, et en profite. Alternant des lumières extrêmement différentes selon l’humeur du personnage principal, Ford joue toutes les cartes à sa disposition pour raconter son histoire, sans pour autant forcer les choses. Le spectateur n’a ainsi qu’à se laisser entraîner pour suivre Georges dans ses pensées perdues. Un film classe et classieux pour une thématique très profonde, quand la mort et les sentiments se rejoignent à un moment de vie.