Au coeur de la plus grande ferme de France

Publié le 15 mars 2010 par Pierre

Le vendredi 05 mars dernier, le comptoir des politiciens s’est baladé dans les allées du Salon International de l’Agriculture. Profitant  de cette soirée nocturne, nous avons interviewé des français, au hasard, pour prendre le pouls de cette société française. Est-elle fière de ses racines paysannes ? A l’aube de la conversion écologique de l’économie française,  voici un bref aperçu de cette société française, qui doute, en manque de repère, à la recherche de son identité.

Nous commençons notre exploration aux culs des vaches. Les bobos parisiens s’y sont donnés rendez-vous en masse ; l’Iphone vissé à l’oreille, à la recherche de Nature « Ho, t’as vu cette vache, et va faire caca !« . Les enfants boivent les paroles du lobby du lait « Consommer 3 produits laitiers par jour« , les parents se gavent de produits locaux, en discutant circuits-courts avec des paysans, aux nez rouges, droits dans leurs bottes.

Au stand des Antilles, nous croisons une consultante en développement durable, un autocollant Europe Écologie collé sur son Iphone.
Êtes-vous une habituée du salon ?
C’est la 7ème  fois que je viens au Salon. Les paysans corses me reconnaissent, ce sont mes amis. Je leur refourgue des Velibs volés contre de la charcuterie corse.
Pourquoi êtes-vous sur ce stand ?
Les DOM-TOM, c’est chaud. Le Rhum arrangé avec ces petits samoussas, un voyage direct vers la Réunion pour 6 euros.
Rêvez vous de vivre aux Antilles ?
Non ! Je n’aime les iles qu’au salon. Les iles, ça m’emmerde, il fait chaud, c’est plein de moustiques. Et puis c’est oppressant : y’a trop de monde  et les gens sont paranos.

Choqués par ces propos, une passante s’approche:  « Venez dans le Nord, quittez ces îles et venez déguster un peu de Maroilles… » Elle me tire par le bras. Je résiste et lui demande: “restez avec nous au soleil !” Le débat glisse sur la politique : « les îles doivent rester indépendantes » me beugle dans les oreilles un auvergnat éméché.

Devant ce même stand, nous apercevons 3 jeunes demoiselles.  La bouche en cœur, attaquant à pleines dents leurs sandwichs au foie gras,  un verre de Cahors à la main. Bizarre ! Attirés par cette situation pas banale, nous interviewons ces 3 pharmaciennes.
Pourquoi manger « Sud-Ouest«  sur le site de la Réunion ?
Nous sommes venues au salon pour goûter au terroir. Pour faire honneur à nos racines paysannes. Pour nous, les produits de terroir se mangent avec du pain. Cahors, c’est le symbole de la campagne française.  Les DOM-TOM ce n’est pas la France, ce n’est pas la métropole.

Savez-vous d’où vient le foie gras que vous manger ?
Non, et peu importe. Le foie gras, c’est forcément bon. Qu’il vienne de République tchèque ou du Gers. Y’a pas qu’en France que l’on fait de la bonne bouffe. Pour moi, ce n’est pas un critère de manger local ou français. Le foie doit être gras. Et puis c’est tout.

Nous mettons le cap vers le stand de Gaillac. Une femme enceinte déambule, au bras de son mari.
Pas trop dur d’être ici et ne pas pouvoir déguster les vins de nos terroirs ?
C’est difficile pour moi de venir au salon. Je ne peux pas boire. C’est la femme qui fait tous les efforts, ce n’est pas normal. L’Homme boit deux fois plus lorsque sa femme est enceinte.

« C’est une question d’équilibre » répond son mari, l’œil vitreux, le sourire aux lèvres, le rire gras.
La femme : « L’Homme n’assume pas son statut. C’est tout« .
« Mais je suis là pour décompresser » s’époumone son mari.

En conclusion, « Terroir, Identité et Ecologie » prennent tous leurs sens.3 mots, 3 enjeux cernés au sein de la plus grande ferme de France.