De la parole aux actes

Publié le 15 mars 2010 par Jeangagnon

Lundi, 15 mars 2010

Bien de l’encre a coulé depuis le dépôt du budget fédéral jeudi dernier, mais ce sera bien inutile. Sans l’ombre d’un doute, ce budget sera adopté tel quel, tissant la route économique du Canada pour les 5 prochaines années.

L’opposition s’oppose à l’adoption de ce budget, bien sûr. Elle votera contre, mais elle s’assurera que suffisamment de députés soient en vacances ce jour-là pour ne pas risquer de renverser le gouvernement. Pourquoi ? Parce que le peuple ne veut pas d’élections, déclare Michael Ignatieff. C’est désolant. La situation économique canadienne est catastrophique à l’entendre, mais de là à passer aux actes, c’est autre chose.

Pourtant, ce budget est particulièrement important parce qu’il se veut la pièce maîtresse de la stratégie du gouvernement dans sa lutte aux déficits, un des facteurs déterminants du bien-être économique des générations futures.

Le gouvernement a concocté un plan d’élimination des déficits sur 5 ans. Mais, uniquement théorique, ce plan n’a aucune chance de tenir la route. Il repose sur un scénario de croissance économique variant de 2,5 % à 3,5 % au cours des 5 prochaines années. Dans l’état actuel des choses, la visibilité des prévisions économiques ne dépasse pas 6 mois. Croire qu’il ne se produira pas de nouveaux ressacs durant les 5 prochaines années, c’est faire preuve d’une grande naïveté.

Le moment n’est pas à s’enfoncer la tête dans le sable, comme le fait l’opposition, alors que l’existence d’un gouvernement minoritaire pourrait offrir tellement plus. Le temps est au débat. Il faut faire appel à toutes les ressources disponibles pour tracer une stratégie économique qui pourra s’adapter aux situations changeantes que nous vivrons. Malheureusement, le débat économique n’existe pas actuellement, compte tenu de l’incurie de l’opposition.

M. Ignatieff prétend que les canadiens ne veulent pas d’élections. C’est faux. C’est plutôt de lui qu’ils ne veulent pas. En s’abstenant de renverser le gouvernement nécessaire et d’ouvrir un vrai débat sur l’avenir économique du Canada, il ne fait que repousser à plus tard le brainstorming que le Canada aurait tellement besoin dès maintenant pour se sortir de cette situation difficile, sinon alarmante. Malheureusement, le coût économique de ce report sera énorme.

Pas mieux aux États-Unis

Aux États-Unis aussi on a parfois de la difficulté à passer de la parole aux actes. Une enquête du New York Times (NYT) révèle qu’au cours des 10 dernières années le gouvernement fédéral américain a versé 107 milliards en paiements ou en subsides à des multinationales américaines et étrangères qui faisaient des affaires avec l’Iran durant cette période. Plusieurs grandes banques, producteurs d’automobiles et compagnies du secteur pétrolier, dont bien sûr Halliburton, font partie d’un groupe de 74 compagnies identifiées par le NYT.

Pourtant le gouvernement américain tente par tous les moyens d’obtenir de l’ONU l’imposition de pressions économiques supplémentaires sur l’Iran afin de la forcer à abandonner son programme nucléaire. Mais si l’on se fie au NYT, on ne réussit même pas à appliquer les mesures existantes.

Hilary Clinton pourrait avoir de la difficulté à convaincre les autres pays du bien fondé d’imposer de nouvelles pressions économiques, alors que le NYT révèle que 49 des compagnies identifiées dans son rapport sont toujours en Iran, et n’ont pas exprimé jusqu’à maintenant l’intention de se retirer.