Certaines nuits, toutes s'éclairent en même temps. Les ombres s'agitent au rythme de la vie du soir. Je continue à regarder ce paysage nocturne maintenant familier avant de tirer mes rideaux. Ce soir, mon reflet me tourne le dos, la pluie floconneuse de l'après-midi a étouffé les bruits de la cour. Pourtant il ne fait pas froid. Moi aussi je me cherche sur et au-delà de la vitre, mais l'inconnu du dehors ne me fait pas peur. J'ai juste le coeur qui bat, à l'étouffé lui aussi, comme recouvert de neige. Je pense alors à Kafka et à sa fenêtre.
Mon paysage nocturne
"Alles vergessen. Fenster öffnen. Das Zimmer leeren. Der Wind durchbläst es. Man sieht nur die Leere, man sucht in allen Ecken und findet sich nicht." Franz Kafka - Tagebücher, 19 Juni 1916.
"Tout oublier. Ouvrir les fenêtres. Vider la chambre. Le vent la traverse en soufflant. On voit seulement le vide, on cherche dans tous les coins mais on ne se trouve pas." Franz Kafka - Journal, 19 juin 1916