« Croyez-vous en la chance ? » Avant de répondre à cette question, je vais d’abord réfléchir sur ce qui m’a conduit à m’installer à Paris et à m’inscrire à l’université.
Au mois de décembre de 2006, j’ai rendu visite à Paris pour trouver la possibilité d’étudier la philosophie des sciences dans une université. Avant cette visite, j’ai déjà décidé de commencer de nouveau la carrière de philosophe en restant pour plusieurs années dans une des facultés, comme chercheur invité, par exemple. La position que j’allais prendre n’était pas du tout précisée à ce moment-là. Au cours d’un entretien qui s’est déroulé deux jours avant de retourner au Japon, je me suis rendu compte qu’il n’y avait qu’une seule possibilité pour rester en France pour plusieurs années. C’était comme étudiant. Face à cette situation imprévue, j’ai été un peu paniqué, mais ai décidé de visiter en une seule journée quatre professeurs dont les travaux étaient compatibles avec mon objectif. À ma surprise, aucun professeur n’était pas dans son bureau, donc j’ai laissé mon CV à l’un des secrétariats.
De retour au Japon, j’ai commencé à écrire une lettre de motivation et un évènement étrange a eu lieu. Pendant que je l’écrivais, un émail est arrivé du professeur à qui j’avais laissé mon CV. Dans ce mail-là, il m’a demandé de lui envoyer mon intention précise. À ma réponse, il m’a écrit un jour plus tard (ce qui est anomal pour la norme française) qu’il était prêt à m’accepter comme étudiant de master et que je devais soumettre dès que possible les documents requis. Et le deuxième incident curieux a eu lieu quand j’ai cherché l’adresse émail du secrétariat pour les étudiants étrangers. J’ai reçu un émail du secrétariat indiquant l’information de l’inscription. J’ai été tout à fait impressionné par ces deux évènements consécutifs. Je me suis senti comme si ma démarche philosophique en France était en quelque sorte un destin et c’était le moment où je suis devenu fataliste.
Il y a grosso modo deux camps qui se battent depuis longtemps par rapport au problème de la genèse du monde ou de l’être vivant. L’un, comme Newton et William Paley de « La Théologie naturelle », affirme que ce monde ou l’être vivant est né et dirigé vers une sorte de but prédéterminé. L’autre, comme Darwin, argumente que l’évolution de l’être vivant est totalement dû aux évènements aléatoires, sans finalité précise. Ce débat est toujours actif, mais j’ai la tendance de considérer que tous les incidents dans la vie se déroulent par hasard et n’ont pas de sens per se. Cependant, au contraire, j’ai du plaisir à trouver des liens parmi des évènements qui paraissent au premier abord indépendants. Et quand je pense avoir trouvé une sorte de liens, je me rends compte qu’il y a finalement le destin dans ce monde. Bien sûr que ce n’est ni scientifique ni rationnel, mais cette manière de regarder le monde me rend de plus en plus attentif à ce qui se passe dans la vie quotidienne. Finalement, quant à ma réponse à la question ci-dessus, la vie deviendrait un peu plus riche si je pouvais répondre oui.