Dans ce Paris-Nice, Alberto Contador a connu un début de course difficile. 4° du prologue disputé par un froid particulièrement glacial, il limite de justesse la casse lors d’une bordure lors de la première étape démontrant ainsi que le vent fait partie de ses ennemis les plus efficaces, échappe de peu à la catastrophe lors d’une chute le lendemain ...
Il ne se retrouve véritablement lui-même qu’à Mende ou il s’impose sans paraître puiser au plus profond de ses possibilités. Il gère ensuite son avance au classement général avec l’assurance d’un vieux briscard malgré l’étau placé par l’équipe de la Caisse d’Epargne avec ses deux chefs de file Alejandro Valverde ( 2° du classement final ) et Luis-Léon Sanchez ( 3° du classement final ). Il sera toujours temps au cours des discussions des soirées d’étapes de s’interroger sur la tactique adoptée par les dirigeants de cette formation. Fallait-t-il jouer sur les deux tableaux comme ils l’ont fait ou au contraire sacrifier l’un des deux coureurs ? Bien difficile de répondre. D’un côté, deux places sur le podium sont assurées et de l’autre quel directeur sportif peut demander à Valverde ou à Sanchez de se sacrifier pour son équipier et néanmoins rival ?
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est que Contador a du en grande partie se débrouiller seul. Son équipe Astana n’a pas été particulièrement efficace à ses côtés. Contador n’a pas trouvé les appuis indispensables lors de la bordure de Contres, il est revenu seul dans le peloton après sa chute. Au pied la montée Laurent Jalabert de Mende, il n’avait plus un seul équipier avec lui. Et dans la dernière étape, dans l’ultime ascension du Col d’Eze avant la plongée sur Nice il a du s’employer, absolument seul, pour contenir Valverde, L.L.Sanchez et Rodriguez venu lui aussi se mêler au débat final.
Certes Alberto Contador, après l’arrivée a fait remarquer que plus il vieillissait, plus sa maturité grandissait et que cette maturité s’accompagnait de nouvelles victoires. C’est vrai. Contador a fait preuve de beaucoup de maturité pour remporter ce Paris-Nice mais dans le Tour de France, la formation Radioshack ne lui pardonnera rien. Armstrong et les siens sauront exploiter à leur profit le moindre incident, le moindre millionième de seconde d’inattention de l’espagnol.
Il est donc temps maintenant pour Astana de resserrer les rangs et surtout de hausser le niveau d’ensemble de cette formation. On sait que Contador sera libre de tout contrat à la fin de la saison, qu’une banque espagnole fait étudier une étude de faisabilité pour tenter de regrouper les meilleurs coureurs espagnols dont Contador sous le même maillot. C’est donc à Contador de se montrer le patron de l’équipe et d’imposer à ses co-équipiers une attitude plus en adéquation avec ses volontés.
Quatre équipiers seulement de l’espagnol ont terminé l’épreuve avec des classements plus que modestes ( Fofonov 32°, Navarro 43°, Grivko 46° et Pereiro Sio 96°. C’est notoirement insuffisant.
Et les coureurs français ?
Le bilan est bon sans plus. Il y a deux victoires d’étapes avec William Bonnet et Amaël Moinard, le maillot des grimpeurs avec Amaël Moinard et deux coureurs nationaux dans les dix premiers du classement général. Jean-Christophe Péraud, néo-pro de 30 ans est 9° et Jérôme Coppel, 24 ans 2° année pro est 10°. Sans une chute dans la descente du Col d’Eze, Christiphe Le Mevel aurait du obtenir un bien meilleur classement que le sien et sans doute terminer dans les dix premiers du général. Sans un gros incident technique, Thomas Voeckler pouvait lui espérer un bien meilleur classement. On a souvent vu des coureurs français participer aux différentes échappées mais on les a rarement vu lorsque la victoire finale s’est jouée.
Enfin, seules à mon avis, les équipes Cervelo et Saur-Sojasun ont montré parmi les formations candidates à une wild-card qu’elles méritaient d’avoir leur place dans le prochain Tour de France.
Jean-Paul