Premier tour des élections régionales, et, bien sûr, premières impressions mitigées. Une vague envie de rigolade devant la mine déconfite des petits chefs de l’UMP, et d’agacement pour tout le reste : les atermoiements sur l’abstention ont été rapidement évacués pour ne laisser la place qu’aux éternelles petites combines (qui va s’allier avec qui) préparatoires au second tour dont on devine déjà qu’il sera aussi palpitant que le premier.
Mais ce blog avait parié sur l’abstention, et je vais donc mesurer rapidement ce qu’elle vaut, en termes réels. Car en effet, une fois remis dans leur juste proportion les scores des différentes formations politiques, on se rend compte que nos éternels enfumeurs continuent les démarches pour faire passer des vessies pour des lanternes.
52% d’abstention, c’est, pour être parfaitement clair, une bonne grosse branlée pour toute la clique politique. Très clairement, très nettement, le camp majoritaire est celui des gens qui n’ont, finalement, rien à foutre des pitres qui pompent de l’argent pour se faire mousser sur des plateaux télé.
Petit à petit, le masque démocratique est en train de tomber, et avec, la légitimité des suceurs de phynance. Et c’est précisément parce qu’avec cette abstention, on sent que le peuple se détache des nouilleries pénibles que ces clowns nous proposent, qu’ils s’empressent de l’évacuer en redoublant d’agitation politicienne stérile.
Pour bien comprendre pourquoi cette abstention est très significative, et, en fait, beaucoup plus que tout le reste, faisons un petit exercice de mise à l’échelle. Pour la beauté de l’exercice, jouons avec les moyens de transport : après tout, la politique, c’est aussi ça, nous transporter d’un présent pas rigolo où on se fait trouilloter l’anus à coup de taxes vers un futur beaucoup plus riant où on va se faire perforer l’arrière-train avec des poteaux téléphoniques.
Pour ne pas froisser l’électeur convaincu par les bouffons de l’UMP ou celui qui aura préféré les guignols du PS, prenons comme référence un beau bateau à voile. Les deux partis ayant réalisé à peu près le même score (à un ou deux pourcent près), nous choisirons un beau catamaran de 19m pour le PS, et un beau catamaran de 18m pour l’UMP. Le mètre supplémentaire, pour le PS, vient de la présence d’un petit dinghy accroché à l’arrière et qui permettra à l’un ou l’autre dirigeant de s’enfuir du navire en trahissant ses « amis » à l’une ou l’autre occasion.
Cette taille posée, qu’avons-nous ensuite, par comparaison ?
En bus de 8m80, alimenté par de l’éthanol tiré de maïs et qui provoquera plus tard quelques émeutes de pauvres crevant la dalle, on trouve alors Europe Ecologie, qui klaxonne violemment à chaque feu rouge en criant victoire.
Survolant un peu le paysage, nous trouvons le FN dans un Piper, avion de tourisme relativement standard et de 7m50 de long environ.
Talonnant le bus et ses prouts bioéthanolés, on trouve le Front De Gauche en Lada Niva (3m80) : à la fois robuste, moche, carré mais polluant, directement issu de la conception russe des années 80, le véhicule fume énormément et on ne peut pas garantir qu’il n’aura pas besoin de plusieurs caisses de pièces de rechange avant la fin du voyage.
Dans les fumées et les bruits pétaradants de la Lada et le klaxon furieux du Bus « écolo », on distingue à peine la petite Smart, sans ses pare-chocs (2m20), conduite par François Bayrou, et dont les petits « pip! pip! » malheureux peinent à donner une quelconque importance. Si la Lada accélère ou si le Bus freine, sprotch, le Modem y passe.
Quand à Olivier B. et son NPA, … il reste sur son vélo (1m50).
Personne ne voit l’abstention. Eh non. Elle est à 10.000m, au-dessus.
A bord de son A380 (74m).