Le parallèle entre les deux thrillers politiques insulaires Shutter Island et the Ghost Writer s'impose: paranoia, implications politiques dans des iles reliées au continent US par un ferry, rencontres insolites, tempêtes.... les éléments de comparaison ne manquent pas.Mais c'est définitivement le film de Roman Polanski, Ours d'argent à Berlin pour ce film qu'il a fini de monter dans sa résidence surveillée en Suisse, qui a de loin ma préférence. Le cinéaste se révèle une fois de plus comme le maitre de la mise en scène de l'enfermement, du complot et de l'emprisonnement ( comme l'analyse en détail Telerama). Ici point n'est besoin de flash backs ni d'images torturées pour faire naître l'angoisse: tout est maîtrisé , rythmé et les premières images de la voiture abandonnée sur le ferry nous font entrer implacablement dans le drame de façon évidente, raisonnée. Ici tous les personnages, pourtant « anodins », une secrétaire particulière très attachée à son patron ( Kim Cattrall ex-Samantha de Sex and the City), une épouse un peu vieillissante (Olivia William, le professeur d'une Education sentimentale ) qui sent son influence s'échapper savent nous faire partager les raisons de l'inquiétude de l'écrivain (alors même que nous restions spectateurs des délires de Leonardo DiCaprio). Le décor du bunker où se réfugie l'ancien premier ministre, réalisé dans un studio près de Berlin, joue lui aussi un rôle primordial, dans sa modernité, sa froideur; il suffit que des volets automatiques se referment pour faire naître le frisson aussi bien qu'avec des rochers escarpés, des labyrinthes...