Avant de connaître ce que le gouvernement nous prépare comme réforme des retraites, j'essaie d'imaginer ce qu'il faut mettre dans cette réforme.
On sait pourquoi il faut faire cette réforme : Les régimes de retraite sont déficitaires, et le déficit ne va faire qu'augmenter dans les années à venir. L'exemple grec a montré à ceux qui en
doutaient que l'endettement, même public, a ses limites. Cette réforme a donc une nécessité technique. Mais elle a aussi une réalité politique.
Sur le plan technique, on sait bien que le déficit des retraites vient directement de l'allongement de la durée de la vie. Les recettes restent stables parce qu'elles viennent des
cotisations sociales et qu'il n'y a pas plus de travailleurs. Mais les dépenses augmentent parce que le nombre de retraités progresse. On connaît alors les 3 solutions :
- Augmentation des cotisations, mais ça plombe la compétitivité du marché de l'emploi.
- Diminution des pensions, mais c'est politiquement inacceptable alors que beaucoup de retraités ont déjà des revenus modestes
- Augmentation de l'âge de départ à la retraite.
Sur le plan technique, en conservant le système actuel de répartition financé par des cotisations sur le travail, les solutions sont connues. Seule la 3e est possible, mais elle est douloureuse.
Reste à savoir s'il faut augmenter le nombre de trimestres pour bénéficier du taux plein, faire monter l'âge légal de départ à la retraite ou les deux. Je suis partisan de faire les deux. L'un ne
va pas vraiment sans l'autre.
Sur le plan politique, on peut imaginer de modifier le système de retraites lui-même.
Le parti socialiste propose d'élargir l'assiette de financement, en ne taxant plus seulement le travail mais aussi les revenus du capital. Je trouve l'idée intéressante. Reste à voir si on
taxe les revenus du capital des particuliers ou celui des entreprises. Si on veut éviter une fuite des capitaux et un appauvrissement global du pays, on ne peut guère taxer les revenus du capital
des entreprises parce que ces marchés financiers sont très internationaux et parce qu'elles délocalisent très facilement leurs activités financières. Restent les revenus du capital des
particuliers. Je suis donc favorable à une taxe de ce genre pour financer les retraites, mais cette taxe ne pourra pas être importante parce que les revenus financiers des particuliers sont déjà
très imposés en France par l'impôt sur le revenu, la CSG, la taxe RSA, sans parler de l'ISF.
Cette piste de la taxation du capital, ou des revenus du capital, ne suffit pas à elle seule. Elle ne permettra pas d'éviter un allongement de l'âge de départ à la retraite.
Dans le même ordre d'idées, je soupçonne le gouvernement de nous préparer une autre réforme en même temps que celle des retraites : La TVA sociale. Je ne crois pas avoir déjà écrit un billet sur
ce sujet, il faudra que je le fasse.
Très prochainement, un autre billet sur les aspects politiques de la réforme des retraites.