Le lendemain après midi, Sondos était dans son bureau entrain de confirmer les « réservations » de filles, avec certains clients, par voie de téléphone.
- Oui, monsieur, ce soir vers 22h20 ! puis colla le combiné à l’oreille et poursuivait, hum, oui, oui, t’inquiète, ok ! alors bonne fin de journée !
Puis raccrocha et appela l’autre client, un commerçant très fortuné, de la marina de Kantaoui.
- Ok ! alors votre rendez vous est confirmé à 21h30 avec Lena !
Mais l’homme avec une voix enrouée.
- Je veux changer de fille !
- Comment ça changer ? et en s’efforçant de se calmer, ok ! par qui ?
Il toussa et reprit d’une voix maline.
- Avec la petite nouvelle !
- Qui ? Abir !
- Je ne connais pas le nom ! et en riant, mais, un ami me l’a conseillé !
Elle saisissait donc son carnet de rendez-vous et avec l’autre main libre, se mettait à tourner les pages d’un geste nerveux jusqu’à tomber sur la page portant le nom d’Abir. Elle la regarda un bon moment et dit.
- Je suis désolée, mais elle est prise pour ce soir !
- Elle serait libre à quelle heure ?
Furibonde, elle alluma une cigarette et poursuivait de sa voix troublée.
- Désolée ! mais chaque fille est tenue d’avoir un seul client par jour ! ce sont les règles !
- Règles pourries ! s’écria l’homme en boudant.
En dégageant de la fumée par ses narines.
- C’est un bordel de luxe, monsieur, et nos filles sont des call-girls et non des prostituées de rue !
L’homme n’insistait pas et se demanda d’une voix calme.
- Ok ! alors je veux reporter mon rendez-vous pour demain avec la nouvelle !
Du coin de l’œil, elle regarda la page et continua.
- Elle est prise demain aussi !
D’une voix désagréable, il hurla.
- On dirait que j’essaie d’arracher un rendez-vous chez le dentiste !
Sondos, eut un rire persiflant et tenta de la calmer en disant.
- Jeudi, elle est libre ! enfin, pour le moment !
- Ok, alors, c’est pour jeudi…
Elle lui coupa la parole, en disant.
- Et pour ce soir ? j’annule ou…
L’homme, qui sembla occupé par la venue d’un client dans sa boutique artisanale, murmura d’une voix à peine entendue.
- Je t’appellerai plus tard !
- Ok, comme vous voulez !
Puis elle raccrocha, et s’effondra sur sa chaise en collant le bout de cigarette sur les lèvres, tout en suivant par le regard Nader, qui sortait de son bureau et s’approcha du sien.
- Cette gosse a du succès avec les hommes !
Il arracha le bout de cigarette de ses lèvres et continua, en ayant un souffle.
- Quelqu’un d’autre est désireux de coucher avec elle ?
- Oui, l’un de nos clients fidèles !
- Hum, je vois ! balbutia-t-il, le regard fixant le plafond.
Elle poussa sa chaise et s’approcha de lui, en le ceinturant de ses bras, puis en lui collant une bise sur la nuque.
- Serguei avait raison, quand il a dit que cette fille est un bon investissement !
Il se relâcha de ses mains et se demanda, sans vraiment la regarder.
- Et on a qui donc pour ce soir ?
En mordant sa lèvre inférieure, elle murmura.
- deux, si le dernier annule !
Il ne disait rien et se dirigea de nouveau vers son bureau. Comme un mouton, Sondos, le suivait et ferma la porte doucement derrière elle puis en collant son dos au mur.
- Alors tu l’as revue la séquence que je t’ai envoyée ?
En s’asseyant sur sa chaise, les yeux fixés sur l’ordinateur.
- Je l’ai supprimé !
Elle n’eut pas un geste, mais son visage exprima beaucoup de chagrin, et laissa un soupire s’échapper de ses lèvres puis dit.
- Pourquoi tu l’as fait ?
Il laissa sa main retomber violemment sur le clavier et s’écria.
- Imagine, si ma femme, tombe sur cette vidéo !
- Mais je t’ai déjà envoyé avant des…
Il lui coupa la parole agressivement.
- Je ne veux plus que tu le fasses ! et d’un ton ferme, ce qui se passe ici, reste ici et meurt ici !
Elle eut son vacillement triste du regard, suite à cette violence inaccoutumée
- Ok, promis je ne le ferais plus.
Désireuse de cacher son embarras, elle s’efforça de sourire puis s’approcha de lui, en posant les mains sur ses deux épaules.
- On aura la soirée pour nous deux !
En laissant sa chaise active glisser, il s’écarta pour qu’elle ne pût le toucher et se mit debout en traçant un sourire complaisant et ricanant à la fois.
- Désolé de laisser ton plan tomber à l’eau, mais ce soir je sors avec ma femme !
Elle demeura immobile sur place. Les yeux comme troublés d’une fumée rousse de colère, palissaient son regard. Les paupières battirent, et sa mine se détourna dans une gêne subite, une sorte de malaise allant jusqu’à la souffrance.
- Mais t’es sortie avec elle hier ?
En secouant les épaules, il reprit avec froideur.
- Non, on a laissé ça pour aujourd’hui ? et puis on n’est plus jeunes pour aller au ciné.
- Vous allez faire quoi ?
- Nous promener quelque part !
- Et tu me laisseras seule ? qui va payer les filles ?
Il ria tout en portant sa veste noire.
- J’ai confiance en toi je sais très bien que t’es une grande fille et que tu arriveras à te débrouiller !
Puis, pour la première fois, il lui mettait dans la main, la petite clé du casier de bureau.
- 20% du prix pour chaque fille ! et en se moquant, si tu n’arrives pas à faire le calcul mentalement, t’as la calculatrice !
Elle n’avait pas l’air d’apprécier son humour noir et murmura inquiète.
- Le boss ne sera pas content d’une telle délégation !
Il inclina le dos pour être au niveau de ses yeux puis dit.
- C’est son problème !
- Et tu n’as pas peur que je vole le pognon et que je disparaisse après ? dit-elle d’une voix dolente.
Sa phrase le laissa rire un long moment puis, en enveloppant sa joue d’une caresse étroite.
- Je sais que tu n’oseras pas le faire, pour la simple raison que tu m’aimes !
- Et si je le fais ! dit-elle encore insistante.
Il se dirigea vers la porte et en posant sa main sur la poignée.
- Je te chercherai et quand je te trouverai, je te tue !
Puis il quitta le bureau et s’approcha du hall. Ele courut vers lui, puis dit d’une voix fâchée.
- Très raffinée comme réponse.
Il ouvra la porte principale, s’arrêta un bon moment, puis s’écria, en persiflant.
- Tu crois qu’après me faire un coup pareil, j’irais te chercher pour te serrer dans mes bras ?
Elle s’arrêta le dos collé à la porte et grommela.
- Bien sûr que non !
Il sourit, légèrement et en lui faisant une œillade.
- À demain alors !
Il lui jeta un dernier regard et se dirigea vers sa voiture garée à deux mètres de la porte du jardin.
Au début de la ruelle, dans un taxi parqué. Le chauffeur, tapotant sur le volant nerveusement s’écria en regardant dans le rétroviseur.
- Alors mademoiselle, on va passer le reste de la journée garée ici ? ça fait plus d’une heure…
En suivant Nader, saisissant son cellulaire devant sa PASSAT, elle traça un large sourire de satisfaction et répondit.
- Tant que tu seras payé, je ne vois pas pourquoi tu t’énerves ! puis en suivant Sondos, croisant les bras et admirant son homme amoureusement. Bon, tu peux me ramener maintenant au Palmarium !
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Le soir, comme prévu, Akram, passa prendre Ranime de chez elle, pour aller dîner au restaurant Le pirate à Hammamet. Tout au long du trajet, Akram, tenta de calmer sa compagne, en lui racontant des blagues, mais elle était comme constipée, tellement stressée à pâlir et silencieuse, jusqu’à ce qu’il gara la voiture dans le plus près parking du restaurent.
- Qu’est ce qui se passe Ranime ?
- Rien ! dit-t-elle en traçant un sourire fantomatique.
Il plongea son regard dans le sien et reprit inquiet.
- C’est comme si tu n’étais pas à l’aise avec moi.
- Non, non, je vais bien.
Fixement il la regarde aimablement puis déposa sa main sur son épaule, comme à la serrer et se dirigea avec elle vers le restaurent. Une fois dedans, l’hôtesse, leur montra la table qu’il a réservée. Ils s’installaient l’un face à l’autre puis en saisissant le menu sous forme d’un livret.
- Ne soyez pas timide ma puce ! et faites comme si t’étais avec ta famille !
Là, elle sourit et trouva sa langue comme si le poids pesant du stress avait disparu.
- Ma mère n’aimait pas les restos ! elle ne mangeait que ce qu’elle préparait !
Il sourit en la dévorant de son regard et reprit en rigolant.
- Moi la mienne, est fan des restos ! et en riant, elle ne cuisine presque pas !
Elle partagea son rire et se demanda, en osant chercher ses yeux noirs.
- Alors comment vous vous débrouillez à la maison ?
Il ria d’une voix douce et continua.
- Heureusement qu’on a une domestique pour ça ! et en cherchant sa main, et je me débrouille bien aussi tout seul, j’ai vécu quelques années à l’étranger et j’étais obligé d’apprendre à faire la bouffe !
- Je vois ! et en souriant, ta future épouse sera chanceuse de tomber sur un homme qui sait cuisiner.
En caressant sa main tendrement, il reprit.
-C’est sûrement moi qui sera chanceux d’épouser la fille que j’aime.
Les joues légèrement rouges, elle tira sa main doucement et murmura.
- Oui, sûrement.
Le serveur, s’approcha d’elle et dit d’une voix douce.
- Alors avez –vous choisi ?
En posant doucement le livret sur la nappe, Akram adressa la parole à Ranime de sa voix rauque.
- Vous prenez quoi ma chérie ?
Sans réfléchir, elle murmura.
- Une pizza !
- Voyons, c’est un restaurent connu par ses plats de poissons ! et en baissant la voix, et puis ils n’offrent pas de pizza sur le menu.
Honteuse, elle répondit d’une voix perturbée.
- Je ne veux pas d’un plat couteux !
Il caressa sa main et reprit.
- Vous êtes mon invitée d’honneur, donc ne fais pas de soucis pour les prix ! et en cherchant le serveur de regard, on prendra du poisson !
- Comme d’habitude ? disait l’homme en souriant.
Akram, rigola et dit.
- Oui, on ne change jamais une équipe gagnante !
Et l’homme partit, Akram sans quitter Ranime des yeux continua.
- Et si tu me parles un peu de toi ? ce que t’aime faire et tout, en attendant qu’on soit servi…
Ranime, eut un petit sourire et reprit.
- Ben lecture et…
Mais son sourire se dissipa brusquement lorsqu’elle vit un homme, la main dans la main avec une belle femme, s’arrêtant près de leur table. L’homme, lui sourit, et posa sa main sur l’épaule d’Akram. En tournant la tête, ce dernier eut un petit sursaut de surprise et s’écria.
- Nader ? qu’est ce que tu fais ici ?
Nader, échangea un long regard avec Ghada et dit.
- On a voulu changer d’air et donc on a décidé de sortir dîner ailleurs ! et en souriant, et comme ma chérie adore le poisson, je ne connais qu’un seul endroit offrant des délicieux plat de poisson, le pirate !
Akram, grommelant tout en souriant pour cacher son malaise.
- Oui, le hasard !
Nader, ria avec humeur et continua.
- Le hasard fait bien les choses !
Et là, Ghada intervint sans quitter Ranime du regard.
- Alors, c’est toi la nouvelle copine de mon grand frère ! enchantée moi c’est Ghada sa sœur cadette ! dit elle en serrant la main à Ranime chaleureusement, puis en chuchotant à son mari, bon, allons-nous à notre table, ils veulent surement rester seuls !
Nader eut un léger mouvement, comme pour dire qu’il s’en moquait puis avec un rire étouffé.
- Non je ne pense pas ! et en cherchant la frimousse de Ranime, je pense que ça serait chouette, si on dine tous ensemble, ça sera une occasion pour que ta chérie connaisse la famille proche de plus près !