Un film sur un escroc gay, ancien catho, amoureux fou de son compagnon de cellule, interprété par deux acteurs grand public et produit par la société de Besson? Ca sentait le canular, voir pire, la bonne provoc’ trash à deux balles. Que nenni ! I love you Phillip Morris est, de loin, la meilleure alternative proposée ces temps-ci aux conventionnelles bluettes 100% calibrées pour la St-Valentin tant il offre- avec générosité, humour et audace- une justesse de regard sur le couple masculin mis en jeu. Ce n’est pas une œuvre militante, ni engagée, mais une véritable histoire d’amour, tour à tour tendre, comique, mélancolique, torturée. Les cinéastes ont réussi à canaliser toute l’énergie de Jim Carrey pour la mettre à profit de son personnage, évitant les pièges de la vulgarité et de l’outrance et privilégiant l’étude de caractères et la sensibilité de l’ensemble. Car, avant tout, le film touche à la perfection dans ses étreintes mi tragiques mi comiques, alternant – dans un mouvement crédible et un tempo endiablé- le rire et les larmes, et, saisissant le complexe dans une quiétude et simplicité apparentes. L’anti héros devient alors le vecteur de mille idées foisonnantes (l’incomplétude du soi contrebalancée par la découverte de l’amour, l’impossibilité d’accepter les normes transformée en philosophie de vie), et parvient, avant tout, à casser du sucre sur une Amérique (et un monde !) puritaine et hypocrite, aseptisée et consensuelle, le sourire et la classe en bandoulière. Respect.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble