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Chez Berri et Gavalda, très optimistes, les gens s’aiment et se reconstituent une famille de cœur, au-delà des liens du sang et des apparences. Chez Fazer, plus réaliste, les gens se mentent et se limitent, à l’intérieur du clan qui les protège autant qu’il les étouffe. Ensemble, c’est trop donc et non plus un tout ni un toit, mais un conditionnement souvent, une prison où l’on se censure par peur de blesser l’autre. Voilà, en substance, ce que raconte son nouveau film, que l’on attendait plus ou moins avec impatience après une belle réussite dans l’univers impitoyable des couloirs d’une entreprise qui opposait l’homme et la femme, à la fois au niveau du couple, de la vie professionnelle, et en tant que représentants de leur sexe. Ici, hélas, elle a perdu de son mordant dans l’écriture sacrifiant la plupart du temps les situations sur l’autel du vaudeville et de l’hystérie à peine contrôlée. Tout le monde (Arditi, Cantona et Weber en tête) en fait des tonnes, et le ton se cherche sans jamais se trouver. S’il parvient toutefois à donner le sourire grâce à l’autodérision d’une Nathalie Baye drôlissime en mère castratrice, le film souffre de certains passages- comme un crescendo un peu limite dans les révélations de tous- qui pourrissent le potentiel comique de base, Fazer ne semblant alors que moyennement en phase avec ce qu’elle voulait dire. Reste l’aura mélancolique qui se dégage de l’œuvre suite à la perte tragique de l’acteur Jocelyn Quivrin qui, à chacune de ses apparitions, rappelle peut-être l’essentiel du propos de la cinéaste, contenu dans une seule ligne du script : "Le monde est vaste, et la vie est courte".