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Presque une décennie entière sans nouvelle de Mel Gibson devant la caméra, ce fut plutôt long à vrai dire au regard de ce qu’il faut quand même admettre: ce mec est un sacré bon acteur ! Oui, vrai de vrai. Depuis qu’il interprète ces rôles de pères torturés, questionnant leurs limites (morales et humaines), il a atteint une profondeur de jeu et un charisme indéniables. Ici, dans ce thriller au postulat de base très correct, il excelle en justicier brisé par l’assassinat de sa fille. Et comme (en plus), Martin Campbell, qui n’est pas un manchot en matière de suspense (Vertical Limit) et d’action (Casino Royale), est aux commandes : l’ensemble- contre toutes attentes- tient plutôt bien la route. Car, entre complots gouvernementaux et luttes (communes et jusqu’au sacrifice) pour un idéal, le film ne perd pas de vue l’émotion, ne s’éloignant jamais des personnages et de leur douleur, du deuil de ce père, de ses souvenirs, qui même en étant assénés sans trop de subtilité, font toujours au demeurant leurs petits effets. Hors de contrôle, quoi que l’on pense des effusions américaines finales et de la larmoyante (mais convaincante) clôture, a tout de même une certaine classe dans sa volonté de privilégier l’enquête à l’action, les débordements des sentiments à ceux, habituels et fatigants, de testostérone. Gibson (vraiment, vraiment, crédible), entre larmes et colère, porte à lui seul l’entière réussite du projet, qui renoue avec le classicisme des thrillers nineties, tout en gardant la touche de modernité nécessaire afin d’éviter tout côté has been. Une bonne surprise donc.