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Hautement dérangeant et immergé dans l’atmosphère poisseuse d’une Afrique du Sud post apartheid, Disgrace met en scène le pire de l’être humain, sans détour ni compassion, sans explication non plus, brut de décoffrage, vidant une haine certaine sur des terres arides témoins des plus grandes atrocités. Sa réflexion, au-delà du constat amer sur l’entente difficile entre blancs et noirs après le passage dévastateur de l’Histoire, s’ancre visiblement dans une entreprise de destruction massive de la figure masculine, au travers d’une contemplation froide et impudique des noirceurs de l’âme des Hommes, prédateurs aussi féroces et dangereux que des chiens sauvages, pour qui la femme n’est que nourriture, chair où y inscrire ses sombres pulsions. Pas de héros ici mais des violeurs en pagaille, de tout côté, qu’ils soient professeur blanc apparemment respectable qu’enfant noir dit perturbé. Le parallèle insistant, entre la rédemption forcée de l’un (qui ne comprend que par transfert des peines infligées sur lui-même et sa fille ce qu’il a commis) et le monnayage des autres (une terre contre le pardon soumis et silencieux accordé aux bourreaux), est un vecteur parmi d’autre pour étaler une morale difficilement supportable et un discours franchement limite sur la domination sexuelle et morale de l’homme sur la femme, poussant le vice jusqu’à faire de la véritable victime une lesbienne convaincue, procréatrice forcée par ce qui est présenté comme une punition divine aux péchés de luxure et déviances multiples de tous (posant outrageusement d’ailleurs sur un pied d’égalité différentes conceptions du désir !). Entre violence psychologique intense, pessimisme infini et relents misanthropes et misogynes, Disgrace tourne rapidement à la torture, inutile, irritante, et prétentieuse.
MERCI A Cinetrafic pour les invitations !!!