Ludique et atypique, La Reine des Pommes est un rendez-vous de références plutôt amusant, où les rires fusent autant que les bons mots. Clins d’œil à la Nouvelle Vague, mais aussi au vaudeville de Feydeau, entrecoupé de passages chantés (un peu à la manière de Claude Duty dans Filles perdues, cheveux gras), Valérie Donzelli s’amuse visiblement comme une folle à bousculer les attentes consensuelles d’un cinéma français qui peine à se renouveler dans le genre comique (exception faite de Mouret, à qui l’on pense également). Cet amour de l’art est bien évidemment ressenti à chaque plan, faisant de chaque situation une déclaration d’amour à un cinéaste du passé ou à un genre. Conceptuelle mais jamais jusqu’à l’abstraction, son œuvre parle avec drôlerie du célibat et du chagrin de la jeune Adèle, personnage concept des maux d’aujourd’hui. Sa recherche de l’amour se déclinera alors sous la forme de trois jeunes hommes (aux mêmes traits et incarnés par le même acteur), fantômes de l’ancien amour impossible à oublier. Ses inventions et ses tentatives de singularité se succèderont tout au long d’un film frais et rythmé, enthousiaste et humble, à l’image de la réalisatrice. Un peu moins de transparence au niveau du symbolisme, trop facilement déchiffrable, et une image un peu fauchée, étouffent quelque peu les réjouissances, mais la sympathie et la sincérité de l’ensemble remportent les suffrages haut la main.
- Vu en Avant-Première au Festival Indépendance(s) et Création d’Auch