CRAZY HEART de Scott Cooper

Publié le 08 mars 2010 par Celine_diane

Crazy Heart prend son temps, traînant au bord des routes une mélancolie triste et un bagage trop lourd, fait des douleurs d’hier et des doutes d’aujourd’hui. Plein d’une vie qu’il connaît que trop bien. Imbibé d’alcool et de lendemain de fêtes. Animé par l’espoir, l’amour, une femme, un pardon possible. Tranquille et serein. Abimé, blessé. Comme un air de country. Pour incarner le chanteur sur le déclin, Jeff Bridges prête son corps et sa voix, en cow-boy désabusé, d’une justesse impeccable lorsqu’il s’agit de trouver le bon regard ou le geste qu’il faut. A ses côtés, une parfaite Maggie Gyllenhaal, championne du ciné indé, lumière au milieu des ténèbres, rencontre inopinée, second souffle, dernière chance. La magie du film repose entièrement sur celle du duo, et sur leur sublime histoire d’amour qui contre toutes les niaiseries du genre. Pas de happy end ici, pas de promesses, pas d’incroyables, mais simplement la vie, dans son entièreté, mauvaise, cruelle, tendre aussi. A la manière d’un Mickey Rourke qui opérait un come back fracassant dans The Wrestler, il y a un an, Jeff Bridges s’impose sur le devant de la scène en Bad Blake, star déchue, symbole de tout un esprit perdu, à l’abandon. Une figure du passé, détrônée par la jeunesse, et le capitalisme. Comme en témoigne le passage du flambeau final. Résultat? Un beau film tout en finesse et pudeur, sans excès dramatique, prévisible dans sa forme, mais surprenant d’humanité.
Oscar de la Meilleure Chanson pour The Weary Kind
Oscar du Meilleur Acteur pour Jeff Bridges.