Jordanie
On a le bec vide ces jours-ci.
Pas que la Jordanie soit inintéressante, au contraire! Seulement qu'on ne se baigne pas avec des piranhas, alors quoi vous lâcher?
Ce n'est pas la grande aventure, la Jordanie. Tout va comme trop bien, ça nous fait drôle. Une sensation bizarre de retour à l'occident, proche de l'orient. On ne s'en plaindra point, puisque ma mère est avec nous à la recherche de nouvelles expériences, mais pas trop!
Je disais donc qu'on a le bec vide, oubliant de préciser qu'on a la bouche pleine, tout le temps. Qu'est-ce que la bouffe est bonne! Grignoter des dattes achetées au marché ou s'enfiler un falafel de route. Boire un thé pour faire passer les baklavas. Remplir la table d'humus, de salades et de kebabs, pour une bouchée de pain… Prendre un café turc en plein Amman, offert par un marchand de fruits et d'épices, sur un banc haut comme trois pommes, écoutant le vieil homme et safran chise sur le conflit israélo-palestinien ; cette situation pimentée qui lui fait monter la moutarde au nez!
C'est aussi ça, voyager, non ?
Le soir, à l'aveugle, ce n'est pas long qu'on tombe, sur un bon restaurant. Partout on se régale, dans ce pays, et avec le sourire! Simplement parce que les gens sont sympas et accueillants, même si le pays est très (très) touristique. Allez comprendre l'Égypte maintenant…
« Cesse d'être négatif Will! » dit Nad proclamée miss Positive 1998.
Alors que de belles surprises, cette Jordanie! Sans sarcasme, précisé-je. Car c'est vrai, que cette petite nation est bien équipée. Et attention à la prochaine citation : « Rome peut aller se rhabiller! », s'exclame ma première maison, qui a visité l'Italie l'année dernière, alors que nous visitions les ruines romaines de Jerash au nord d'Amman.
Et le même pronostic s'entend, assis sur nos lauriers dans le théâtre romain de la capitale, magnifiquement conservé.
Moi qui pensais aller vite fait à Rome, pour compléter la liste des sept nouvelles merveilles du monde. Cela attendra...
Et parlant merveille, la huitième voudrait vous parler de son coup de cœur.
« - Nadège, paraît-il que vous avez vécu un beau moment, jeudi dernier ?
- Oui! Deux heures à déambuler dans le Siq de la cité à la lueur des chandelles avant d'atteindre le Trésor. C'était absolument magique et envoûtant. On se sentait loin de toutes réalités sous le ciel étoilé, plongés dans l'atmosphère bédouine induite par des mélodies traditionnelles. Que demander de plus… »
C'était effectivement une magnifique soirée à découvrir Pétra pour la première fois. Cette nouvelle occasion trimestrielle est à ne pas manquer car, le site est normalement fermé après le couché du gros astre. Une initiative qui bat à plat de couture tous les sons-et-lumières de sites touristiques, trop souvent à l'ambiance décousue.
Et le lendemain, c'est sous le soleil brûlant que nous marchions kilomètre après kilomètre dans la vallée. Pétra, ce n'est pas seulement le tombeau que tout le monde connaît grâce à Junior, mais une cité entière à découvrir à pied ou à dos de chameau; pour les moins écolos qui préfèrent l'odeur de sièges en cuir et d'émanations à effet de serre.
Il ne faut pas manquer le pèlerinage de 850 marches qui mène au monastère Al-Deir, un bâtiment tout aussi impressionnant que le Trésor trop accessible aux innombrables groupes guidés, à prendre avec un grain de sel…
À une heure d'Amman en bus public et finale en taxi, après les policiers qui veillent au grain, on se retrouve les fesses à l'eau et les pieds en l'air sur la frontière. La mer Morte, qu'elle belle invention. Ça flotte! L'endroit parfait pour la femme puisqu'il y a (1) moi en bedaine et (2) on peut se baigner sans mouiller ses cheveux ! À moins de dessaler...
-Will