Article écrit par Manerina Ah… Voila une expression qu’il me plait à utiliser - et les occasions ne manquent pas! L’hypocrisie sociale, c’est ce qui fait qu’on répond “bien” à la question “comment ça va?” ; non seulement on ne va pas raconter à notre voisin de pallier (ou à la boulangère, ou au collègue de bureau) qu’on s’est réveillé avec la gueule de bois, qu’on a nos règles et qu’on s’est disputé avec notre chère moitié pour une histoire de vaisselle, mais en plus le dit voisin de pallier (ou la boulangère, ou le collègue de bureau) s’en fout royalement.
Son hypocrisie sociale consiste à faire suivre son “bonjour” par un “comment ça va?” mécanique. Et si l’on se hasarde à répondre autre chose que “bien merci”, on sens tout de suite son visage se décomposer par l’ennui et le désarroi. C’est pourquoi notre hypocrisie sociale consiste à s’abstenir de répondre sincèrement à la question.
Et ça ne s’arrête pas là… L’hypocrisie sociale, c’est aussi par exemple ce qui nous empêche de dire à notre ancienne camarade de lycée que l’on vient de retrouver au bout de 10 ans : “Wahou… Qu’est ce que tu as grossi (vieilli, enlaidi…)” ; non…
En fonction de notre degré d’hypocrisie sociale, notre réponse peut être un simple et gentil : (mais très mensonger) “Tu n’as pas changée” ou un “wahou… tu es tellement… différente” que l’on s’empresse d’ailleurs de faire suivre d’un “tu es rayonnante (épanouie, pleine d’assurance…).
Sans hypocrisie sociale, on oserait dire à la personne qui nous a invitée à diner et s’est donnée du mal à mettre les petits plats dans les grands, que son ragoût manque de saveur, que la viande est trop cuite et qu’elle aurait pu nous demander si on ne préfèrerait pas la bière au vin.
Sans hypocrisie sociale, on serait capable de dire à notre meilleure amie que le secret qu’elle nous a confié la semaine dernière, nous l’avons à notre tour confié à notre autre meilleure amie qui elle même le confiera certainement la semaine prochaine à sa meilleure amie à elle. Je ne sais pas qui a dit “un secret est quelque chose qui se répète tout bas” mais en tous cas il avait raison !
Sans hypocrisie sociale, nous n’aurions pas de mal à dire à notre amoureux que l’ancien s’y prenait beaucoup mieux que lui dans certaines positions.
Sans hypocrisie sociale, la belle mère et la bru n’auraient aucunement besoin de se jouer la comédie même devant l’objet de toutes les convoitises (le fils pour l’une, le mari pour l’autre).
Sans hypocrisie sociale on pourrait sans scrupules, mettre à la porte nos invités dès qu’on commence à s’ennuyer ou si ces derniers s’éternisent.
Sans hypocrisie sociale on dirait à notre collègue de bureau que tous les briefings, debriefings et autres réunions avec lui sont un vrai calvaire à cause de son haleine de chacal.
Et la liste est longue… La vie serait tellement plus simple sans hypocrisie sociale, nous aurions l’esprit tellement plus tranquille et libre de penser à autre chose qu’à notre dernier ou notre prochain mensonge. Mais nous serions tellement seuls… Pourquoi seuls ? Car sans hypocrisie sociale aucunes relations humaines (quelles qu’elles soient) ne seraient possible. Ce qui m’amène à me demander “l’homme est il vraiment un être social ?”. Drôle de société en tous cas…
Manerina