Denys Patissou, mécanicien automobile, est actuellement chef d’atelier d’un important garage de Cotonou, au Bénin (Afrique). Élu un des meilleurs apprentis de France en 2009 dans la spécialité mécanique automobile, ce jeune, à l’avenir prometteur, a accepté de répondre à nos questions.
Espèce de chauffard !
Calcadis : En tant que mécanicien, que pensez-vous des conducteurs qui gardent le pied enfoncé sur l’embrayage lors d’un arrêt provisoire, comme par exemple un feu de régulation au rouge ?
Denys : Les mécanos malhonnêtes (pléonasme ?) auraient tendance à être satisfait de ce comportement. En effet, cela génère une usure prématurée du mécanisme de l’embrayage (disque, diaphragme…).
Calcadis : Il est donc recommandé de garder le pied enfoncé sur la pédale d’embrayage le moins longtemps possible… Pourquoi ?
Denys : Oui, et particulièrement lors d’un arrêt prolongé ! En effet, la plupart des conducteurs n’enfoncent pas la pédale à fond, ce qui se traduit par des frottements.
Calcadis : Certains conducteurs mettent leur véhicule au point mort ou débraye pour anticiper un arrêt ou lors d’une descente, prétendant que cette pratique leur permet d’économiser leur carburant. Ont-ils raison ?
Denys : Il est évident que l’approche d’un feu par exemple doit se faire « en douceur ». Il est conseillé d’utiliser l’énergie cinétique du véhicule qui doit s’arrêter ou du moins ralentir. Mais l’usage du « point mort » n’est pas conseillé. Outre le problème de sécurité que cela peut engendrer, un véhicule en roue libre consomme toujours le carburant nécessaire à maintenir le moteur au ralenti.
De plus, pour touts les moteurs à injection pilotée électroniquement, lorsque le véhicule est en « frein-moteur » (vitesse enclenchée, mais aucune action sur les pédales), l’injection est coupée et le moteur ne consomme strictement plus rien.
Et pour compléter, rouler au point mort vous forcera à user d’avantage vos plaquettes de frein.
Calcadis : Donnez-nous un cas typique de comportement à l’approche d’un feu.
Denys : Les feux se trouvent généralement en agglomération où la vitesse est ordinairement limitée à 50km/h. Imaginons un feu à 100 ou 150 m ; la route est plate ou en descente. Le feu est rouge, et le véhicule devra vraisemblablement s’arrêter. Le conducteur lamda, anticipant son arrêt et voulant économiser son carburant, choisit de se mettre au point mort. Résultat, il arrivera au niveau du feu avec un excédant de vitesse. Il aura donc consommé le carburant du ralenti et usé ses plaquettes de frein.
Calcadis : Et la bonne méthode ?
Denys : La bonne méthode consiste à diminuer graduellement sa vitesse, en utilisant le frein moteur si besoin. Ainsi vous avez mis plus de temps pour arriver au niveau du feu, car vous roulez avec une vitesse beaucoup plus faible.
Vous avez donc plus de chance pour que le feu passe au vert entre temps ; cela vous évite un démarrage très consommateur. Vous n’avez pas utilisé vos freins car vous avez réduit peu à peu votre vitesse et vous êtes arrivé à proximité du feu avec une vitesse très faible (10/15 km/h).
Vous avez également très peu consommé votre carburant en utilisant pratiquement toute l’énergie cinétique du véhicule et en fournissant si nécessaire un peu d’énergie au moteur pour arriver quand même au feu.
Enfin, vous avez eu une conduite plus sécurisée et un meilleur contrôle du véhicule, limitant ainsi le risque d’accidents qui, même s’ils ne sont pas forcément très meurtriers, sont très fréquents en agglomération !
Soirée de la remise des honneurs.