la beauté du diable

Publié le 13 mars 2010 par Hoplite

« Il y a dans l'élite nazie de la jeunesse un dynamisme, un héroïsme et une largeur d'horizon qui ne peuvent être perdus sans appauvrissement pour l'Europe. »

(Hubert Beuve-Méry, journaliste, fondateur du Monde et directeur des études à l'école des cadres dUriage, 1945) NRH 04/10

« Je n'oublierai jamais le jeune tankiste SS qui beurrait calmement son pain du plat de la lame de son poignard. Il ne nous regardait même pas. Il flottait autour de lui une odeur de guerre. De drap en sueur, de cuir, d'huile et de graisse tiède. Et s'il nous avait offert des poignards, des uniformes à notre taille et s'il nous avait assis aux commandes de l'énorme jouet,  qu'eussions-nous fait de nos cahiers et de nos livres ? Un feu de joie, peut-être. Mais il était allemand comme est français, vingt ans plus tard, le parachutiste qui ne prête aucune attention aux enfants de ce village kabyle. Une fille s'est arrêtée pour regarder le SS à tête de mort. Il a levé les yeux, elle a baissé les siens et est partie toute droite et toute patriote. Il a souri en la suivant du regard. Est-ce que la fille ose penser qu'il est bien dommage et bien étrange que le mal soit si beau ? »

(Jean Cau, Le meurtre d'un enfant, 1965) NRH 04/10

« C'est alors qu'ils étaient arrivés, précédés de leurs motocyclistes qui roulaient lentement, les bras écartés, le buste droit. C'était au moment du déjeuner ; de toutes les maisons, on jaillissait pour les voir. Ils chantaient une mélodie rauque, coupée de longues interruptions,  où l'on entendait plus que le craquement rythmé de leurs bottes, et qui n'évoquait nulle joie, nul triomphe, mais seulement cette volonté d'avancer, de poursuivre, de pousser toujours plus loin, broyant les obstacles, vers une terre inconnue et promise -cette même volonté qu'exprimaient le mouvement de leurs bottes (comme s'ils écrasaient à chaque pas quelque chose), leurs regards raidis vers l'horizon, leurs fronts de rêveurs butés. Ils passaient, ils passaient, sans s'arrêter, verts et noirs, et s'effaçaient dans le poudroiement de la route sans qu'un seul d'entre eux eut jeté un regard à la foule subjuguée qui tapissait les murs comme une haie d'honneur. "maman, je voudrais être allemand. » « Tais-toi, tu dis des bêtises ! » « Je voudrais tant être allemand, maman ! »

(Jean-rené Huguenin, La côte sauvage, 1965) NRH 04/10