Où trouverons-nous une phrase assez pauvre pour commencer à parler ? Quand nous saisirons-nous du chant, du cri qui montent de dessous nos racines ? Quand rendrons-nous hommage au vieux tilleul qui sut bercer nos rêveries ? Amasserons-nous un jour assez de douceur pour entreprendre notre périple ?Vous en voulez encore ? Vous en voulez plus ?
A travers la fenêtre, le temps est identique à hier. On a le temps à la bouche, ici. Mais c’est un peu partout dans le monde, le temps à la bouche : la neige, les pluies, les tempêtes, les mauvaises intempéries et tout le bataclan. Je ne supporte plus ces litanies, toutes ces supputations. La météo me glace. Les soleils sur l’écran me tétanisent. Leurs singeries sur le climat m’angoissent. Je ne supporte plus et, pourtant, elles m’aident à m’élancer. Oui, le moindre changement au-dehors m’est un secours. Le moindre mouvement d’un nuage m’alerte. Le vent qui se lève m’est presque un enchantement. Oui, parler du temps nous aide à passer d’un jour à l’autre. Heureusement que le ciel nous déverse ses avanies sinon que nous dirions-nous ?
Je regarde par la fenêtre et je commence enfin à parler.
Je suis un enfant quelque part dans l’univers qui regarde par une fenêtre et voit le monde balbutier. Un arbre est nu dans la cour. Les nuages sont nombreux dans le ciel. Des cheminées fument par-delà les toits.
Joël Vernet / La lumière du désastre.
Et aussi ici. Et encore là.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 21 mars à 16:21
Même si elles ne fument pas, les cheminées au-dessus des toits m'offrent leur langage et chaque jour en fonction du ciel, elles se racontent différemment et m'offrent l'occasion de partager un peu mes émotions avec mes semblables, et puis elles me contraignent à relever la tête lorsque le poids des jours m'accable...