Trois secondes après, la porte se ferma doucement comme elle s’est entrouverte. Elle se croyait dans un cauchemar, seule avec un inconnu, un méchant homme, ne savant s’il venait cambrioler l’appartement ou pour autre misérable raison.
Mais l’homme n’était pas seul. Rapidement une voix féminine la rassurait, mais la voix n’était pas étrangère, par contre très familière. C’était la voix de Sabrine. Eh oui, la voix de sa colocataire qui venait de rentrer bizarrement dans un temps où d’habitude elle se trouvait au boulot.
Après un lourd silence de cinq minutes, Ranime entendit le claquement de la porte de réfrigérateur dans la pièce voisine, et la voix moqueuse et jeune de cet homme.
- Ouf ! vous n’avez rien au réfrigérateur ! ça ne m’étonne pas !
Et puis la voix de Sabrine, un peu frustrée, lui répondit.
- Allez on n’a pas assez de temps ! l’une de mes colocataires peut rentrer dans un moment ou un autre ! et grondante, mais pourquoi t’es venu si tard !
- Oh !oh ! ne commence pas ! c’est le transport ma belle ! et puis Jendouba n’est pas à deux pas d’ici !
- Oui toujours des excuses !
Puis elle quitta la cuisine et le bruit de ses pas intensifié par le talon de ses chaussures s’approchait de plus en plus de la salle de bain. Ranime mit sa main contre sa poitrine, et palissait de plus en plus jusqu’à devenir comme un coing. Elle était dans un sale état, elle avait la chair de poule et le cœur qui battait si fort à tel point qu’elle croyait qu’il se fait entendre.
Un moment encore, et elle était au point de s’évanouir, les yeux ardents d’épouvante et la tête qui devenait tellement rude et d’une rigidité cadavérique.
Heureusement que le bruit de pas s’éloigna du chemin de la salle de bain, elle prenait son souffle et s’assit sur le bord de la baignoire, tremblante comme une feuille.
Puis elle entendait le grincement de la porte juste en face ; c’était la sienne.
- Alors, c’est ta chambre ?
- Oui ! la mienne et celle de ma colocataire !
- C’est une belle fille ?
- Oui très belle mais je ne vois pas en quoi ça t’intéresse ?
En se jetant sur le lit, il répondit.
- Simple curiosité ! et puis d’une voix joyeuse, tiens un PC portable !
- Oh ! arrête ! c’est celui de Ranime !
- C’est qui Ranime ?
- Ma colocataire ! bon sang !
En riant méchamment.
- Je savais de toute façon que c’était pas le tien ! t’as même pas assez d’argent pour ton gosse ! le pauvre il est tellement chétif !
Surprise d’entendre une telle révélation, Ranime se clouait contre la porte pour bien entendre la suite de la conversation retentissante.
- Oh ! arrête ! je te donne toujours la moitié de mon salaire ! et puis j’ai des besoins moi aussi ?
En lui coupant la parole violemment.
- Ma sœur aussi à trois bouches supplémentaires à nourrir pas uniquement ton petit gamin ? On te couvre assez moi et ma sœur…
- Et moi aussi je vous donne suffisamment d’argent et même plus !
Elle entendit la mélodie d’ouverture de Windows puis le mec qui dit.
- C’est elle qui se met comme arrière-plan ?
- Oui !
- Hum ! elle est mignonne, des jolies boucles châtaignes et des beaux yeux expressifs ! elle n’a pas une grande poitrine ! c’est le seul point négatif !
- C’est bon ! maintenant ! éteints l’ordinateur !
- Attends que je voie ce qu’elle a sur le disque dur !
D’une voix qui s’accentuait de colère.
- Tu ne trouveras rien sur sa machine ! c’est une fille studieuse et qui n’a la tête que dans les études !
- Pff ! je déteste ce genre de gens ! les intellos et puis ça m’étonne pas puisqu’elle porte des lunettes de vue !
Puis la porte de l’armoire s’ouvre et Sabrine se mit à fouiller un peu dans ses affaires éparpillées un peu partout sur les étagères et puis elle ajouta désagréablement.
- Voilà l’argent ! maintenant tu dégages !
Un petit silence régna la pièce, le temps que l’homme compta les billets puis en grommelant.
- 190dinars ? Je fais un long voyage de Jendouba à Tunis, pour une somme pareille ? Tu te moques de moi ?
- Hey ! mon salaud de patron ne me donne pas grande chose ? Et puis j’ai un loyer à payer et des factures d’électricité et…
- OK ! c’est bon ! c’est bon ! et comme un véritable salopard, mais tu peux me payer autrement !
Sabrine se taisait un moment puis d’une voix tremblante.
- Une autre fois promis !
- Hey ! je n’ai que de quoi vivoter avec mon putain de salaire si tu veux que je fasse des sacrifices pour ton gamin, il faut me payer en nature, ma belle ? et en riant, je sais que t’as des belles lèvres voluptueuses capables de réchauffer mon pauvre pénis !
- T’es qu’une crapule !
Puis le mec s’assit sur le bord du lit convenablement, écarta ses jambes et ouvrit sa braguette, en disant.
- Allez, salope ! je sais que t’aimes ça !
Étourdie et dégoutée, Ranime mit ses mains sur ses oreilles, dans une tentative désespérée de les boucher, mais la voix de l’homme augmenta de plus en plus, et ses gémissements sonnèrent si fort dans sa tête.
- Ah ! oui ! avec ta langue ! t’assures grave !
Ne pouvant plus, tellement elle était écœurée, finissait par vomir par terre et de salir ses chaussures neuves par ses propres vomissements.
- T’entends ça ? s’écria le mec en se mettant debout.
- J’ai rien entendu ! dit Sabrine.
Ranime reculait en arrière jusqu’à coller le mur, puis se mit à frissonner partout sans parvenir à se contrôler.
- C’est comme si quelqu’un venait de vomir !
- C’est surement l’effet de plaisir qui te fait entendre des sons ! et d’une voix haineuse, maintenant sale ordure, je veux pas voir ta gueule d’ici un bon moment !
En souriant, l’homme se redressa, tint le PC et le mit sous le bras.
- Hey ! qu’est-ce que tu fais ? s’écria Sabrine, pâlissante.
- Je m’en vais !
- Remets le PC à sa place ! cria-t-elle d’une voix ferme.
- Non ! je vais le vendre ! il parait neuf et m’apportera surement une belle somme !
- Dépose-le !
- T’inquiètes ma belle ! on maquillera un peu la pièce pour qu’elle paraisse cambriolée ! tu n’auras rien à craindre !
- Il n’en n’est pas question ! dit-elle en arrachant le PC de ses mains violemment puis d’une voix étouffée de larmes, dégage, sale canaille !
- OK ! cava ! pas la peine de crier ! puis en sortant de la chambre, c’est quoi la pièce juste en face ?
- C’est la salle de bain ! et puis en le tenant agressivement par le bras, dégage maintenant !
Il s’approcha peu à peu de la pièce puis en changeant de trajectoire.
- Il y a une deuxième chambre pas vraie ?
- Oui la chambre de Rihab !
- Je vais y faire un petit tour !
- Ce n’est pas un parc !
- Elle a peut-être un PC, elle aussi !
- Elle l’a ramené avec elle, ce matin !
En la défiant, il pénétra la chambre et fureta dans les tiroirs en haussant la voix.
- Elle a plein de faux bijoux !
En le rejoignant dans la seconde chambre.
- Oh ! mais qu’est-ce que tu fais ! putain ! remets tout en place ! et en le trainant par la main, tout en ouvrant la porte de l’appartement, devant moi !
Puis la porte claqua fortement et le calme refit surface, après une demi-heure infernale. Ranime craquait finalement et se mit à pleurer, puis se mit à nettoyer le sol avec une éponge. Un quart d’heure plus tard, la porte de l’appartement s’ouvrit. Fidèle à ses manies, comme chaque fois, quand elle rentre chez elle, Rihab cria.
- Hey oh ! il y a quelqu’un ?
Ranime se mit debout, brisée par la peur et la fatigue, et cria.
- Je suis là !
- Ça alors t’es rentrée tôt ?
- Ouvre-moi la porte s’il te plait !
Rihab, l’ouvra puis en avançant sa tête et en examinant son amie, dans un misérable état.
- Qu'est-ce qui se passe ? t’as la tête de quelqu’un qui vient de regarder un film d’horreur !
- J’étais bloquée ici pendant une demi-heure !
- Pauvre chérie ! mais pourquoi t’as pas appelé le propriétaire ?
Elle hésita un moment puis marmonna.
- Je suis claustrophobe ! du choc je me suis évanouie !
En la dévorant d’un regard doux.
- Pauvre chou ! viens te reposer dans ta chambre ! je vais te préparer une tisane pour te détendre ! oh lala ! t’as surement vécu un sale moment !
Elle l’aida, à se mettre dans le grand lit doucement puis en souriant.
- Je me changerai et je te ferai la tisane ! mouah !
Ranime, fixa le regard sur le bord de son lit et se mit à imaginer l’horrible scène qu’elle a entendue, mais Rihab surgit subitement dans sa chambre, effrayée et cria.
- J’ai pas trouvé mes boucles d’oreilles !
Le cœur battant, et la voix tremblante, Ranime se demanda.
- Quelles boucles d’oreilles ?
Hystérique, elle hurlait.
- Les boucles de mon anniversaire, celles que mon père m’a acheté de Dubaï ! je les ai portées hier ! et maintenant comme par magie, elles disparaissent du tiroir!
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Il était presque 23heures, Ghada avait dîné seule, après avoir attendu le retour de son mari en vain. Une demi-heure plus tard, et comme elle ne trouvait point d’émissions intéressantes à la télé, elle l’éteint et finit dans son lit, couvrant ses jambes avec la couette , dévorant un roman policier qu’elle a lu déjà quatre fois, mais qu’elle prit du plaisir à le relire encore et encore.
Une demi-heure plus tard, alors que ses yeux commencèrent à se fermer automatiquement de sommeil, la porte claqua, et puis Nader surgit dans la chambre à coucher doucement et en épousant son regard.
- T’es encore réveillée ?
- Je pouvais pas m’endormir ! j’étais inquiète pour toi !
- Je vais bien ! dit-il en enlevant son pull, et ne m’attends plus au diner ! si je compte rentrer tôt je te le dirai !
Puis en glissant dans le lit, une fois qu’il s’est changé.
- Bonne nuit !
- Bonne nuit ! murmura-t-elle d’un air triste.
Elle admirait son visage soumis, d’une tendresse suppliante sur l’oreiller. Puis sans pouvoir se retenir, emportée par un gouffre de désir charnel, laissa sa main découvrir son cou nu. Il sentit une douce main le chatouillant alors il leva la face et rencontra son regard en disant.
- Je suis très fatigué ! alors, s’il te plait laisse-moi dormir !
Elle se pencha vers lui puis en glissant sa main sous la couette.
- Embrasse-moi !
Les dents serrées, il ne disait pas un mot, il la poursuivait puis au moment où elle posa sa main au bon endroit, hagard, il l’attrapa fortement et cria.
- Arrête ! je n’ai pas envie !
Elle retira sa main, d’un geste furibond, puis en éteignant la veilleuse.
- Bonne nuit !
Rapidement, il se leva et alluma de nouveau la veilleuse.
- Ne refais plus ça !
- Je ne peux pas dormir dans la lumière ! dit-elle au bout des nerfs.
- OK ! c’est bon !
Puis sauta du lit, saisissait son oreiller puis en quittant la chambre.
- Je vais me coucher sur le canapé ! bonne nuit !
Et ferma la porte doucement derrière lui. Dans une tourmente de colère, elle perdit le sommeil, alluma son PC portable, et mit le proxy qu’elle venait de télécharger l’après-midi en marche. Quelques minutes plus tard, elle tapait l’adresse IP d’un site porno de chat, et remplit le formulaire d’inscription en tapant ce qui suit comme mot de profile « S.O.S ! une vulnérable chatte en manque cherchant une bite dure pour baise torride ! ».