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Depuis le soir où elle voyait le numéro d’une femme apparaitre sur l’écran de son époux, Ghada ne put enlever cette obstination, de savoir qui c’était sa rivale.
Même dans la salle de sport, le jour suivant, vers 20h, accompagnée de sa cousine et sa meilleure amie, elle ne réussit pas à gommer l’expression de son visage empreinte de mélancolie.
Tentant de la déstresser, Mayssa, lui jeta la serviette sur son visage rond. Elle la mitrailla du regard puis murmura avec amertume.
- Je ne suis pas d’humeur !
Mayssa, sauta, du tapis roulant, s’approcha de sa cousine, assise sur une banquette, à l’entrée de la salle de sport, puis en posant sa main doucement sur son épaule.
- Allez ne fais pas cette tête ! c’est peut être pas comme tu l’imagines…
Elle lui coupa la parole, en contractant ses traits de colère.
- Elle l’appelait à une 1 h 30 du matin !
Salma essuya sa nuque avec sa serviette, et en participant à la conversation.
- Mayssa, a peut être raison ! et puis puisque elle n’a rien dit, donc je présume qu’elle a composé son numéro par maladresse !
L’œil brulant de jalousie, elle cria.
- Il rentre toujours tard le soir et ne dine presque jamais avec moi ! et en étouffant ses pleurs, il passe surement son temps libre à trainer avec cette poufiasse !
- Oh ! arrête ! cria Mayssa, ça ne fait même pas un mois que vous êtes mariés !
- Il est tellement froid que je me demande parfois s’il m’aime vraiment ! dit-elle, le regard morne.
Salma, s’assit côte à côte avec elle puis en lui caressant la joue tendrement.
- Il est peut-être antipathique, mais je pense qu’il t’aime !
Le regard, se convergeant vers des adhérents de la salle qui venaient d’entrer, elle continua.
- Chose sure, il est loin d’être romantique ! puis en enterrant sa frimousse, entre ses mains, je veux savoir c’est qui cette femme ! la voir, entendre sa voix...
Sa cousine l’interpelait avec une vulgarité dans l’expression.
- Maintenant tu fermes ta gueule, et tu bouges les fesses ! puis en lui jetant un regard sacripant et ne joue pas le rôle de la femme noyée dans les déboires de Desperate Housewives !
En redressant sa face.
- C’est fou, mais je veux la connaitre !
- T’es pathétique ! s’écria Salma, furieuse, et en sortant son cellulaire, tiens, appelle-la !
Elle hésita un moment puis, en composant les trois premiers chiffres de son numéro, son GSM à elle se mit à vibrer. Elle posa le cellulaire de Salma, et répondit à son appel.
- Allo qui-es ? dit en découvrant le numéro de provenance d’un taxiphone.
Une voix masculine avec dédain la répondit.
- Je suis ta conscience !
Un sourire se dessinait spontanément sur ses lèvres.
- Je t’ai finalement manqué ?
En bombardant le petit engin de ses rires, il continua.
- Euh, oui !
- Salaud ! tu fais tout pour que je ne puisse avoir ton numéro !
En régalant.
- Je ne suis pas encore fou ! puis en changeant du ton, alors je peux t’emprunter un petit quart d’heure, de ton petit chéri coincé ?
- Je ne suis pas chez moi !
- Cool ! alors où puis-je te voir ? dit Kamel, en riant.
- Tu connais où je m’entraine ?
- Ah, oui la grande sportive, de la salle des ringards !
- Ringard toi-même ! dit-elle, en riant.
Dix minutes, plus tard, il fit son apparition dans la salle, portant un sweat capuche gris, avec les initiales de son groupe de danse, et les mains dans les poches, il s’approcha de sa sœur, souriant.
- Salut sœurette !
En le voyant, Salma devenait toute rouge et s’approcha de lui, extrêmement excitée.
- Salut, moi c’est Salma, la meilleure amie de Ghada !
En traçant, son sourire séducteur.
- Enchantée ma belle ! moi c’est Kamel !
En s’approchant de lui audacieusement.
- Ghada ne t’a jamais parlé de moi ?
En dévisageant sa sœur avec ses yeux de chat.
- Euh, peut être une fois ! et en se la jouant beau parleur, on pourrait peut être un de ces quatre, boire un café ensemble et faire connaissance ?
Salma, très gaie, et en le regardant pensivement.
- Oui bien sûr ! je serai très contente…
Ghada, mettant terme à cette scène de séduction, en trainant son frangin quelques pas en avant.
- À quoi tu joues là ?
En faisant, une grimace.
- Elle est mignonne ta copine !
Elle le tapa fortement sur son épaule puis d’un air sérieux.
- C’est quoi la vraie raison de ton appel ?
- Mais arrête de me taper à chaque fois qu’on se voit ! t’es pas ma mère !
- Ma mère n’a jamais levé la main sur toi, et en colère, c’est peut-être pour ça que t’es devenu insolent, mal élevé et un vaut à rien !
- Merci, c’est très gentil ! puis en se grattant, j’ai besoin de peu de fric !
Elle souriait, puis en épiant ses yeux, et la lueur louche qui vacillait d’eux.
- Pourquoi faire ?
En évitant de la regarder droit aux yeux, et un peu énervé.
- Comme ça !
En tenant son menton par le bout des doigts et en lui jetant un regard soupçonneux.
- C’est pour t’acheter de la drogue ! n’est ce pas ?
Comme il ne répondit pas, elle comprit de son silence que c’était la raison de sa venue. Alors emportée par sa colère, elle le grogna.
- T’es vraiment une merde ! puis en enfonçant ses doigts dans le bras musclé de son frère, et moi qui croyais que tu avais tout arrêté ?
En se grattant sans arrêt.
- C’était plus fort que moi, et en criant furibond, qu’est ce que tu feras à ma place si notre père te jette à la porte et te coupe les vivres, hein ?
En riant de fureur.
- Je me jette dans les bras de la drogue ! puis en serrant les dents, t’es vraiment une saleté de merde !
En posant ses mains sur ses épaules doucement.
- Dis tout ce que tu veux sur moi ! mais à contre partie donne moi 200dinars !
- Et t’as le culot de me le demander une autre fois ?
Perdant sa patience et en reculant d’un pas.
- C’est bon là ! alors, tu vas m’aider ou pas ?
- Je ne t’aiderai jamais à te détruire !
La face pâlie de Kamel se colora, et il ne put retenir un léger mouvement de colère.
- Alors, c’est ton dernier mot !
- Et c’est non négociable ! dit-elle d’une voix ferme.
Il leva les yeux sur elle puis en croisant les bras.
- OK ! le message est transmis !
Puis en détournant la tête vers Salma, qui ne cessait de les regarder depuis un bout de temps, en espérant le moindre sourire de ce charmant jeune homme.
- Si ma propre sœur me laisse tomber, je crois que sa meilleure amie ne le fera pas !
- Qu’est ce que tu insinues ?
En échangeant un long sourire avec Salma.
- Je ferai un peu d’escorting !
Ébahie, elle installa ses yeux dans les siens, et marmotta.
- Alors, t’es prêt à jouer la pute pour avoir ta came ?
En lui faisant un clin d’œil :
- Une call-girl, je préfère ! puis en souriant de nouveau à Salma, qui n’attendait que ça. Elle a 25ans aussi ?
Elle s’approcha de lui, et d’une voix menaçante ;
- Fais gaffe à toi, c’est ma meilleure amie !
En ingurgitant sa salive, et en traçant un sourire rusé sur ses lèvres.
- Ça serait ma petite copine et ma vache à lait !
La bouche grande ouverte, elle criait.
- T’es gay à ma connaissance, pas vrai ?
Il riait doucement, et répondit.
- Ouais ! mais je vois pas de mal à jouer à l’homme hétéro pour subvenir à mes besoins !
- T’es vraiment une ordure !
Il l’ignorait et se dirigeait vers la fille amourachée.
- Alors ma belle ! où étions-nous ?
D’un regard capricieux, elle répondit.
- On parlait d’un éventuel rencard !
- Ah, oui ! puis en la dévorant des yeux. Ça te dit de se voir demain ?
Ensorcelée, ne savant s’il parlait sérieusement, ou s’agissant d’un simple délire d’un cœur, qui ne pouvait se dérober du charme retentissant, qui lui ait imposé, elle haussa la tête pour dire oui, sans trouver les mots.
- Tu me donnes ton numéro ? dit-il en fixant son regard au sien.
- Oui bien sur !
Une fois qu’il l’a eu, il lui faisait une œillade et disait en partant.
- Je t’appellerai ma douce !
Une fois qu’il disparaissait, elle s’effondra sur la banquette, et dit en effleurant sa poitrine.
- Je crois pas mes yeux ! et en criant de joie, j’ai un rancard avec un beau gosse !
- Je ne t’encourage pas à le faire ! dit Ghada, en posant ses mains sur sa taille.
Salma se leva, et mit son GSM sur la paume de son amie.
- Et si tu commences par résoudre tes propres problèmes ? Et en rayonnant son visage, d’un joli sourire, je vais me doucher !
Elle partit vers les vestiaires, et Mayssa s’approcha de sa cousine en se demandant.
- Tu crois qu’elle est sérieuse concernant ton frangin ?
- Elle a tout l’air, ouais ? Puis en composant le numéro de Sondos, maintenant je saurai à quoi ressemble sa voix.
Quelques secondes après, le cellulaire se mettait à sonner et soudainement une voix féminine, douce répondit.
- Allo ?
Le cœur, battant, et troublé, elle ne dit rien jusqu’à ce qu’une voix masculine crie furieusement.
- Allo ! qui est-ce ?
Elle tressaillit du coup, raccrocha, les mains tremblantes et laissa tomber le GSM par terre. Mayssa, le saisit puis en se demandant.
- Qu’est ce qu’il y a ? Puis en riant, elle a à ce point une voix horrible, cette femme ?
En plongeant ses yeux, noyés dans un océan de larmes, dans les siens.
- C’était mon mari !