Le lendemain aux alentours de onze heures quart, la porte de l’appartement cria. En ouvrant la porte, Nader découvrit les deux frimousses féminines des visiteurs, qui n’étaient que la cousine de Ghada et sa meilleure amie, Salma. Les deux filles, un peu frustrées par la vue de l’époux de leur amie, après être une fois humiliées par sa majesté, qui ne désirait point des réunions de filles dans son petit empire, furent surprises, par la gentillesse sautant aux yeux du désagréable homme, qui souriant, leur demanda d’entrer puis en criant d’une voix douce.
- Chérie, ce sont tes amies !
- J’arrive ! répondit Ghada du fond de sa chambre à coucher.
Puis en s’enveloppant de sa veste cuire, il disait aux filles.
- Faites comme chez vous les filles ! et en s’efforçant de sourire, excusez moi maintenant je dois filer ! et en haussant la voix, ma puce j’y vais !
Elle sortit de la chambre et en en lui fixant d’un regard passionnel et caressant.
- Alors tu reviendras déjeuner plus tard ?
- Non, je ne pense pas ! puis en s’approchant de sa femme tout en lui collant une douce bise sur le front, je reviendrais tôt ce soir, alors j’espère que tu prépareras un délicieux plat !
- Oui bien sur mon chou ! dit-elle d’une voix émotive.
Il se dirigea vers la porte, tourna sa tête vers les filles, ébahies, les regards perdus, les yeux grands ouverts, et ne trouvant rien à dire comme éblouies, devant une scène d’un film extrêmement attachante, puis faisait un clin d’œil coquin à sa femme et ferma la porte derrière lui doucement.
- Oh mon Dieu ! s’écria Maysa, finalement libérée du poids de la surprise.
Soutenue par Salma, qui frottait ses yeux pour s’assurer qu’il s’agissait bien du réel et non d’une illustration de son imagination romantique.
- Est-ce que je suis en train de rêver là ?
Ghada, s’approcha de ses amies, en éclairant son joli visage rond, par un sourire radieux, d’une personne aux anges, pleine d’espoirs et d’ambitions, mais surtout pas d’une personne, qui était il y a 13heures en arrière, pâlissante, et sentant la maladie et la mélancolie.
- Allez, assoyez-vous les filles ! je vais vous chercher un peu de jus !
Mayssa, lui prit par la main et s’interrogea, tourmentée de mille questions.
- Viens par ici, toi !
Puis en collant son visage contre celui de sa cousine, tout en l’examinant minutieusement.
- Si je n’étais pas présente ici hier soir, je ne croirai jamais que t’as eu un petit malaise !
Ghada, traça un sourire câlin et malin à la fois puis en s’asseyant entre ses deux copines sur le canapé, sans pouvoir se tenir.
- J’ai passé la meilleure soirée de toute ma vie hier !
Et en tenant les mains de sa meilleure amie, tout en la contemplant d’un regard émotif et reconnaissant.
- Je ne sais pas comment te remercier ! les mots sont insuffisants à mes yeux…
Mayssa, perdant patience, lui coupa la parole en disant.
- Et si tu commences par nous raconter tout de A jusqu’à Z au lieu de nous rendre dingues ?
Comme par timidité, son visage prit une une couleur rougissante et elle répondit à mi voix.
- On a fait l’amour jusqu’à l’aube !
- Non, tu te moques de nous ! s’écria Salma, en la tapotant doucement sur l’épaule.
En riant d’excitation tout en serrant la main de sa copine à la briser.
- Je vous jure les filles !
Légèrement endolorie, Salma retira sa main et poursuivit.
- Ça alors, il ne fantasme sur toi que quand t’es malade et souffrante ?
Et Mayssa, eut une grimace de répugnance et murmura.
- Il est sadique ton mari ?
Ghada ne put tenir un rire qui bombarda le petit espace puis en baissant la tête.
- Non, il ne l’est pas ! et en fermant les yeux pour ramasser ses souvenirs, j’ai découvert un autre côté de lui, doux et sentimental ! et en ouvrant les yeux, il m’a dit je t’aime deux fois après avoir éjaculé !
Écœurées, les deux filles, ensemble.
- Épargnez nous les détails !
- OK, comme vous voulez, les filles ! disait Ghada, les yeux vacillant de gaieté.
Puis la question prévisible de sa cousine, se posa.
- Et qu’est ce que tu lui as dit pour qu’il change carrément de comportement à ton égard ?
Là, son sourire disparaissait peu à peu de son visage puis en regardant sa meilleure amie d’un air sincère.
- Avant tout, je suis dans l’obligation de vous révéler un truc très important !
Emportée par la curiosité, Salma s’écria nerveusement.
- Vas-y tu nous tues avec le suspens !
Ayant une mine légèrement honteuse, et en caressant la main de son amie.
- Je ne veux pas que tu le prends mal et je voudrais bien m’excuser …
- T’excuser ? s’interrogea Salma en fronçant les sourcils.
- Tout était une mise en scène de ma part ! disait Ghada, tout court.
- Qu’est ce que tu insinues là ? disait Salma en retirant sa main doucement.
Ghada, se mit debout, le dos adressé à ses invitées, comme elle n’osait le dire en face.
- Je n’ai pas perdu la connaissance, c’était une mise en scène ! c’est vrai j’ai eu des maux de tête mais pas au point de m’évanouir et comme tu me racontais les saloperies de mon frangin, et que j’étais tourmentée jour et nuit par Sondos et que je n’osais pas aborder son sujet à Nader, l’idée m’est tombée vite à l’esprit ! je me disais tiens pourquoi ne pas évoquer le sujet avec lui dans un moment où il ne puisse éprouver que de la compassion !
- Nom d’un chien ! s’écria Salma, furibonde, je ne crois pas mes yeux ! et en s’approchant d’elle, tu m’as fait la peur de ma vie ! t’es vraiment une salope !
Ghada, un peu troublée s’expliquait.
- Je ne croyais pas que tu allasses alerter toute la famille… je… je me suis dit que t’appellerais surement Nader !
- Après ce qu’il nous a fait ? s’écria Salma, méchamment.
Et Mayssa, redressa le visage et continua, d’une voix qui venait de se calmer.
- Et qu’est ce qu’il a dit à son propos ?
Ghada reprenait sa place et tout en posant sa main sur la cuisse de sa cousine.
- Il a tout nié ! il a dit que j’ai tout faux ! et qu’il n’y a aucune femme qui l’intéresse à part moi !
Salma, encore fâchée, s’assit en croisant les pieds et murmura.
- Et tu as gobé son histoire ?
- Ben je lui ai dit qu’elle s’appelle Sondos et qu’elle l’a appelé une fois vers une heure du matin mais il m’a répondu sans réfléchir qu’il s’agissait d’une des clientes favorites puisqu’elle vient assez souvent à sa boutique et que c’est surement son petite gamin de deux ans, jouant avec le GSM de sa mère, qui m’a appelé !
- Et la deuxième fois quand il t’a répondu, hein ? s’écria Mayssa, en croisant les bras.
- Il m’a juré que ce n’étais pas lui !
- Voyons Ghada, à ce point sa voix ressemble au mari de cette cliente dorlotée ?
En prenant la défense de son mari, amoureusement et aveuglement.
- Il se pourrait que je fusse tellement obstinée par sa trahison dans ma tête que j’ai pris la voix de l’époux de cette dame, pour celle de mon mari !
En dévorant sa cousine d’un regard intriguant.
- C’est un peu tiré par les cheveux ce que tu dis ! alors un petit conseil, ne crois pas trop ce qu’il t’as raconté !
Elle ne donna point d’importance aux paroles de sa cousine puis en se mettant debout.
- Excusez moi un petit moment !
Elle quitta le salon, puis au bout de cinq minutes revint en tenant dans sa main gauche son portefeuille. Elle reprit sa place entre les deux filles, puis commençait à tirer des billets de 20dinars jusqu’à ce que Salma, l’arrête stupéfaite.
- Qu’est ce que tu fais ?
En rassemblant sur la petite table, un paquet de billet.
- Je compte corriger la bêtise de mon salopard de frangin !
Bouche bée, Salma disait.
- Tu veux me rembourser ?
- Oui, c’est ce que je compte faire !
D’un geste de refus, Salma poussa les billets loin de sa vue et cria, sur les nerfs.
- Primo, quand je me suis adressée à toi hier, ce n’était pas dans l’intention de te demander tacitement de payer la dette de ton frère, mais pour me confier à ma meilleure amie ! secundo, c’est à lui de me rembourser, c’est une affaire entre lui et moi et je ne suis pas prête à le relâcher ce petit minable qui me prenait pour une gourde, mais il va être surpris quand je cracherai mon venin sur lui ! tertio, ma puce je ne suis pas dans le besoin, c’était une part de mon argent de poche gaspillée disons, euh… d’une manière impulsive ! et en lui faisant un clin d’œil doux, tu sais que je suis une fille à papa et que je dépense souvent le double de ce que je lui ai prêté !
Et en remettant les billets éparpillés sur la table dans le portefeuille.
- Alors ne refais plus ça sinon je t’en voudrais sérieusement !
Émue, Ghada ne put riposter, et serra tendrement sa meilleure amie dans ses bras un long moment, qui prit fin lorsque la porte cria, alors elle se leva, en échangeant un adorable sourire avec Salma.
- Excusez moi !
Elle quitta le salon, ouvra la porte mais à sa surprise elle ne trouva personne, alors elle la referma, puis son regard tomba par hasard sur une enveloppe d’une grande taille par terre. Elle la saisissait d’un geste rapide. Et se mit à lire ce qui est écrit à l’extérieur « à l’intention de monsieur Nader M’rad rue 7 novembre Etc. »
Comme elles n’entendirent rien, les filles, curieuses la rejoignirent dans le hall, et Mayssa se demanda.
- Qui-es ce ?
- C’est surement le facteur ! murmura Ghada, doucement.
Emportée par sa curiosité, Salma arracha l’enveloppe de la main de son amie puis en examinant minutieusement l’envelopper tout en la palpant.
- Il y a comme une revue dedans et un bout de papier !
Et Mayssa, arracha à son tour l’enveloppe de la main de sa copine, tout en fournissant de l’effort pour lire l’écriture minuscule du cachet de l’expéditeur, « EHPAT : le mensuel des maisons de retraite ».
- Maison de retraite ? s’écria Ghada, envahie d’un grand étonnement.
En ricanant, Mayssa murmurait.
- A ce qu’il parait, il ne compte pas avoir d’enfants qui s’occuperont de lui quand il serait vieux donc il cherche dès maintenant, la maison de retraite de rêve pour un pauvre vieillard solitaire !
N’appréciant guère l’humour de sa cousine, elle saisissait l’enveloppe, d’un geste de fureur et cria.
- Arrête ce n’est pas drôle !
Salma, caressa les cheveux de son amie doucement et répliqua.
- Il faudrait que tu déploies une nouvelle tactique cette fois-ci ma puce, pour savoir pourquoi ton mystérieux époux cherche à se renseigner sur les maisons de retraite !