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Deux heures après le départ de sa mère, Ranime se trouvait avec le petit dans sa chambre. Il était assis sur son lit, balançant ses pieds, calme, très même, pour un petit garçon de son âge, plein d’énergie. Elle ne cessait de sourire au petit, mais il la regardait avec une certaine méfiance. D’ailleurs, à part la crise qu’il a faite après le départ de Miloud, le laissant seul, avec un petit sac à dos, contenant le peu d’affaires d’Amine. Il n’a pas proféré le moindre mot.
C’était un petit garçonnet très beau, joufflu, mais ce qui lui intriguait, ce qu’il ne ressemblait point à sa mère, qui était d’une peau très mate, avec des cheveux très fins et d’un noir très foncé. Elle avait le visage rond et le nez bien droit alors qu’il avait plutôt une frimousse carrée, et un petit nez fin.
- Ne t’as pas faim ?
Amine, les yeux fixant l’armoire, ne disait rien alors elle se leva de son bureau et s’approcha de lui.
- Amine, j’ai du yaourt aux fraises !
Les yeux gonflés de larmes, il disait de sa voix d’enfant.
- Je veux ma maman !
- Elle va venir bientôt, mon chou.
Puis, en lui caressant la joue tendrement.
- Elle te manque beaucoup maman Sabrine ?
Il la fixa de son regard colérique sans proférer le moindre mot. Puis Rihab, tenant un pot de yaourt, intervint en s’arrêtant devant la porte.
- Elle me surprend toujours, cette Sabrine.
- Elle nous surprend toutes ! murmura Ranime en caressant les boucles de petit.
Puis elles entendirent le bruit de clés dans la serrure. Et la porte qui se referma doucement. Rihab, traçant un sourire ironique, l’interpela en avalant une grande cuillère de yaourt.
- T’as une grande surprise à l’intérieur !
Enlevant son manteau, Sabrine, sourit.
- Ah bon ! c’est vrai ? j’adore les surprises.
Le sourire démesurément large, elle pénétra la chambre. Et ce même sourire se voilait par l’expression de mélancolie et d’épouvante à la vue de petit gamin. Frileuse, elle s’efforça de dessiner à nouveau un sourire puis s’approcha du petit et l’embrassa sur le front.
- Salut, mon petit, papa est parti ?
Amine, secoua la tête tristement pour dire oui, alors elle s’asseyait sur bord du lit et mettait le petit sur ses jambes en le ceinturant de ses bras.
- Je vais l’appeler tout de suite, pour savoir à quelle heure il viendra te chercher !
Rihab, faisait semblant de manger sans vraiment remplir la cuillère pour entendre attentivement la suite de la conversation. Quant à Ranime, elle croisa les bras, enleva les lunettes, une manie qu’elle avait lorsqu’elle s’énervait.
- Il a changé de numéro !
Sabrine, la face pâlie, se demanda d’une voix tremblante.
- Comment ça changer de numéro ?
Elle avança vers elle, de deux pas et continua doucement.
- Ben, il m’a dit en me jetant le sac à dos, qu’il l’a fait et qu’il ne désire plus aucun contact avec toi !
Elle posa doucement Amine sur le lit, puis se leva en hurlant.
- De quel droit, il fait cela ? c’est son gosse !
- Non ce n’est pas le sien !
- Quand même c’est son tuteur légal. S’écria-t-elle ne pouvant plus contrôler le frissonnement de ses doigts.
Puis couvrant son visage des deux paumes.
- Le salaud, il va falloir que j’aille à Jendouba pour lui parler !
- Apparemment ! disait Ranime, encore gardant son sang froid, puis en s’adressant à Rihab, peux-tu s’il te plait, nous laisser seules ?
Elle vida le pot d’une dernière cuillère et répondit la bouche pleine.
- Oui bien sûr !
Puis sortit en laissant la porte entrouverte. Ranime la ferma à clés puis s’arrêta face à sa binôme en parlant cette fois-ci d’un air soupçonneux.
- Et si tu commences par me raconter la vérité ?
- Quelle vérité ?disait Sabrine, en riant.
Croisant les bras et en toute confiance.
- Commençons par celle concernant ton mariage !
Elle s’éloigna d’elle, et continua nerveusement.
- Je t’ai tout raconté à propos de mon mariage !
- Mais tu as oublié de mentionner qu’il n’étais pas ton époux !
Sabrine, le regard vacillant, se tut quelques secondes préparant sa défense puis dit.
- Ne parlez pas tout haut devant le petit, ok ?
Elle eut un rire silencieux et poursuivait.
- Oui, bien évidemment ! puis l’expression d’une colère envahissant sa face, il s’est mis à rire quand je lui ai demandé de t’attendre à l’intérieur ! en ingurgitant sa salive, je lui ai dit, ta femme arrivera à un moment ou un autre, et en riant, il me répondait, ah, oui ma femme, dis lui d’aller se faire foutre !
Comme Sabrine, ne disait rien Ranime continua.
- Tu te rends compte ! tout ça s’est passé devant ma mère ! et ma mère quand elle s’énerve au top ne parle pas. Elle a pris son sac à main et a descendu l’escalier, préférant attendre papa à l’extérieur.
Sabrine, ne pouvant plus se tenir sur ses jambes, s’effondra sur son lit et murmura.
- J’étais honteuse, Ranime, tu me traitais de pute et ça m’a blessé donc je t’ai dit que je suis mariée !
- Mais tu vois, j’ai raison et tu l’es !
- Non ,je ne le suis pas, je suis une victime !
Riant d’un air persiflant, Ranime continua.
- Victime de quoi ? de viol ? d’abus sexuel ? de mariage forcé ? puis en pointant le gamin du doigt, tu l’as eu consentante, donc arrête de jouer à la victime !
La peur, s’empara de Sabrine, regarda brièvement vers Amine, se prit la tête entre les mains et dit d’une voix défaillante.
- Et que veux-tu de moi, maintenant ?
Elle la borna d’un regard rancunier et reprit d’un ton ferme.
- Que tu déménages ! je ne supporte plus vivre avec une mythomane dans le même appartement .
- Vous n’êtes pas le proprio pour décider de me mettre à la porte ! s’écria Sabrine férocement.
Et là, le cellulaire de Ranime qui se mettait à sonner subitement, suspendait momentanément leur querelle brutale. En examinant l’écran, elle ne vit pas de numéro mais l’expression de numéro privé s’afficher.
- Allo ! qui es-ce ?
Mais personne ne parla. Cependant, elle entendit les respirations de son interlocuteur silencieux. Énervée, elle cria.
- C’est bon, c’est du vieux jeu ça ! maintenant il y a l’internet pour ce genre de conneries infantiles !
Et raccrocha en jetant le GSM sur le lit, qui bondit deux fois puis s’arrêta renversé sur son écran. Sabrine, se leva tenant la main de son fils et dit d’un calme furieux.
- Ok, j’emménagerai , mais pas maintenant ! le temps que je trouve une solution pour mon fils, je le ferai !
- Miloud, n’avait pas du tout la tête de quelqu’un voulant faire la paix avec toi ! puis en admirant Amine, qui clignotait les yeux, voulant dormir. Il y a plein de crèches à la capitale, si tu veux un coup de main , je n’ai rien à faire demain, c’est un jour férié !
Sabrine, pâlissante, disait.
- Non merci, je me débrouillerai, toute seule !
Et le GSM se mit, à nouveau à sonner. Ranime le saisissait une autre fois, puis en voyant le même numéro privé s’afficher sur l’écran, elle décrocha en hurlant.
- Arrête tes gamineries ok ? sinon, j’irai à télécom et je saurai qui vous êtes !
Là, une voix d’homme grave se mit à rire et disait.
- Non tu ne peux pas le faire, déjà j’ai payé plus pour avoir ce privilège d’anonymat !
Encore emportée par sa vague de colère.
- Et ben, monsieur l’anonyme, on verra…
Il lui coupa la parole, en parlant froidement.
- T’as aussi une belle voix par téléphone ! t’es parfaite, une beauté complète !
- Ah bon ! on se connait ?
Il ria encore et disait, de sa voix calme.
- Un peu, ma chérie !
- Ta chérie ? alors, là, t’es vraiment mal élevé !
Il éclata de rire et murmura.
- T’es vraiment mignonne quand tu te mets en colère !
Là, Sabrine, s’approcha d’elle et se demanda.
- C’est qui ?
- Je ne sais pas ! le numéro ne s’affiche pas !
- Laisse moi lui parler ! puis en collant le combiné à l’oreille, allo, c’est qui ?
Et là, il raccrocha le GSM, et le déposa doucement sur son bureau, en grommelant.
- La connasse !
Puis la porte de son bureau, s’ouvre et Sondos, pénétra la pièce souriante.
- Alors, t’es pas décidé à rentrer chez toi, ce soir ! il se fait tard !
- Ce ne sont pas tes ognons ! disait-il en enlevant la puce et en remettant l’autre officielle.
Elle suivait l’action attentivement et dit.
- Tu dragues une fille, n’est ce pas ?
- Ça ne te regarde pas ! et en lui criant dessus, si tu n’as rien à foutre, va dormir !
Elle croisa les bras nerveusement et continua.
- Il faut que j’attende d’être payé par le client avant de m’en dormir !
En bougeant la souris, il observa les quatre chambre , en plein écran, chacune dans un petit carré, puis en suivant du coin de l’œil, celle où leur client, se trouvait.
- Hum, alors c’est le tour d’Abir, ce soir !
Elle s’approcha de lui, se pencha en enfonçant son regard sur l’écran et murmura.
- Oui, c’est son premier client ! puis en croisant les bras, mais je ne pense pas que c’est une bonne idée de l’avoir embauchée !
Nader se mit à rire et s’écria.
- Pourquoi ? parce qu’elle couchait avec son père ?
L’expression d’étonnement couvrant sa face, elle continua.
- Tu trouves ça normal, qu’elle eut des rapports sexuels avec son père ? c’est une victime d’inceste !
En faisant un zoom sur la chambre, sans perdre sa nouvelle prostituée de regard.
- Tant qu’elle adorait ce qu’elle faisait avec son père, je ne vois pas de raison de la considérer comme une victime ! puis en lui injectant d’un regard morne, une victime, c’est quand elle est forcée à coucher avec une personne, et qu’elle ne peut pas assurer sa propre défense !
Et en s’allongeant sur sa chaise.
- Mais cette fille est une nymphomane , une salope qui au point d’adorer le sexe, finit par séduire son père !
Puis suivait de regard, Abir, tirant l’homme chauve, avec un immense ventre, de sa cravate, vers le lit.
- Regarde moi ça ! est ce qu’elle a l’air de le séduire à contre cœur ?
Dans la chambre, elle le poussa doucement sur le lit, puis en fermant la porte à clés elle courut vers lui s’assit sur ses jambes audacieusement, l’enveloppa par ses mains et en le perçant d’un regard séducteur, jaillissant d’un désir charnel.
- T’es vraiment canon !
L’homme séduit , laissa sa main, caresser les jambes douces d’Abir, qui portait pour l’occasion une jupette très courte, des talons aiguilles d'une dame et un pull très dénudé , mettant en valeur sa petite poitrine.
- Dés que je t’ai vu sur le catalogue, j’ai eu un coup de foudre !
Elle se mit à rire puis en lui enlevant la cravate, tout en caressant avec l’autre main, le ventre de cet homme de 54ans.
- J’adore ton ventre ! et en commençant à déboutonner sa chemise, où une forêt de poils l’accueillait. J’adore ton ventre et ta pilosité , puis en traçant un sourire radieux, ça me rappelle mon papa et me rend de plus en plus dingue !