Magazine Cinéma
Théâtre Mélo d’Amélie
4, rue Marie-Stuart
75002 Paris
Tel : 01 40 26 11 11
Métro : Etienne Marcel / Les Halles
Pièce écrite par Guy Baret
Adaptée par Sophie Duprès
Avec (en alternance) Marie Blanche ou Julie Williamson, Dominique Mérot ou Ludivine de Chastenet
Ma note : 7,5/10
Note de l’auteur : Cette pièce n’est nullement dirigée contre Françoise Dolto, qui a toujours rappelé que « l’enfant est une personne », sans jamais prétendre que c’est une grande personne à laquelle on doit tout dire de sa vie d’adulte. J’ai seulement voulu peindre avec humour ces professionnels de la puériculture ou ces parents « doltomaniaques » qui n’écoutent pas leur enfant mais le décryptent ! Voilà qui devrait dédramatiser l’éducation des enfants et permettre aux parents d’agir avec simplicité et bon sens, sans culpabilité à l’égard de leur progéniture.
Mon avis : Je m’attendais à sourire et j’ai beaucoup ri. Si le texte de Allô maman Dolto est intelligent, les mots et les situations qui l’illustrent sont excessivement drôles. Il faut reconnaître que les deux jeunes femmes qui en interprètent tous les personnages (le soir où j’y suis allé c’étaient Julie Williamson et Ludivine de Chastenet) apportent un vrai grain de folie. Le fond du propos est on ne peut plus sérieux, puisqu’il s’agit de la perception et l’éducation des enfants, mais les différents tableaux et saynètes qui se succèdent sont désopilantes à souhait. Certes, le parti pris de la pièce est de mettre en scène les « Doltomaniaques », c’est-à-dire des sortes de pasionarias intégristes qui interprètent à leur manière les préceptes de la célèbre pédiatre. Pour elles, tout doit pouvoir s’expliquer. Rien dans le comportement de bébé ne peut être anodin. Elles constatent le fait, elles l’étudient, le décortiquent, l’analysent et, neuf fois sur dix, elles culpabilisent… ou font culpabiliser leur interlocutrice moins au fait qu’elles sur les ouvrages de Dame Françoise. La base de tout, c’est la communication. Il faut communiquer avec le rejeton quel que soit son âge ; y compris quand il n’est encore qu’à l’état de fœtus.
La pièce démarre sur une sorte de pré-générique, histoire de nous mettre illico presto dans le ton. Une maman décrypte pour nous les agissements de son garçonnet qui répond au doux prénom de Pierre-Sosthène. On comprend tout de suite que l’on a affaire à une redoutable extrémiste. Quoi que fasse le bambin, elle nous assène sa science. Elle ne l’écoute même pas puisqu’elle SAIT. Tout a du sens. Et, finalement, le pauvre gamin est complètement livré à lui-même.
Passé ce préambule, nous allons assister à cette fameuse succession de tableaux évoquée plus haut. Nos deux duettistes vont aborder les principaux stades de l évolution enfantine, du stade oral jusqu’aux troubles du sommeil en passant entre autres par les stades anal (ou psycacanalyse) et phallique, et par le complexe d’Oedipe. Le partage des rôles entre les deux comédiennes est parfait. Si l’une est plus souvent dans le registre du clown blanc, l’autre est carrément dans celui de l’Auguste avec un sens très affiné du burlesque et de la pantomime. Elles sont remarquablement complémentaires. Tour à tour, elles nous emmènent en consultation, nous livrent les discussions récurrentes de deux copines, Coco et Véro, nous entraînent par deux fois à la halte garderie (véritable terrain d’expérimentation pour les « doltomaniaques avec interprétation vaseuse mais très docte des dessins du chérubin), nous font assister à un match de tennis plus bavard que sportif… C’est très varié, très rythmé, très imagé et, je me répète, formidablement interprété (personnellement, j’ai vraiment apprécié la séquence de doublage dans le langage des sourds muets).
Le seul problème, c’est que quand on sort du Mélo d’Amélie, en dehors du fait que l’on y a beaucoup, beaucoup ri, on n’est pas plus avancé sur la façon d’appréhender nos chers rejetons. Dolto ou pas Dolto, il n’y a pas de recette miracle.