DES SYSTEMES SOCIAUX (SUITE)
La discussion entre Mme Gilles et l’invité de Moh à St Laurent du Var met en exergue une autre façon de concevoir la vie en famille :
-Je pense, dit l’invité du jour, que c’est bien de vivre en famille élargie mais il me semble que cela engendre aussi des
inconvénients sérieux : lorsque les jeunes dans ces grandes familles trouvent la subsistance assurée, de quoi se payer habits et autres cigarettes et parfois bien plus, ils ne font rien pour
aller se débrouiller seuls. Et c’est ce qui se passe chez moi, en Algérie, où le système phallocratique et matrimonial est de rigueur !
Mme Gilles, elle, affirma qu’en France, il fallait se lever de bonne heure et se retrousser les manches pour se frayer de manière individuelle un chemin dans la vie elle dit :
-A partir de 18 ans, il faut pouvoir batailler ! Certains jeunes n’attendent pas qu’on le leur fasse comprendre même s’ils peuvent parfois être tentés de profiter encore un peu de la chaleur du cocon familial en s’accrochant à la vie au foyer de leurs parents.
J’ai connu une jeune femme qui a voulu mettre fin à ses jours en s’ouvrant les veines du poignet uniquement parce que ses parents richissimes ont tenu à ce quelle reste dans le giron familial alors qu’elle avait un petit ami avec qui elle voulait mettre les voiles
Au médecin qui l’a soignée, elle a affirmé en avoir marre de tout ce protectionnisme parental et elle voulait vivre sa vie comme elle l’entendait !
Ca se passe comme ça par ici !
L’invité de Moh l’immigré ajoute :
-Eh bien ce n’est pas le cas chez moi, au bled, j’ai un fils de vingt quatre ans, études terminées, il ne travaille pas ni ne cherche d’ailleurs à trouver du travail car pour lui, c’est le travail qui doit chercher après lui !
Son meilleur avocat dans cette situation, c’est sa maman !
Elle le chouchoute et lui procure l’argent de poche qu’il lui faut pour ses cigarettes et autres petits besoins quotidiens, et lui se plait dans cette pourtant bien malheureuse condition ….
Le matin il ne se lève jamais avant neuf ou dix heures et c’est l’avocat (maman) qui le « couvre » lorsque je demande après lui :
-Il n’est pas encore réveillé, notre chômeur ? Ne doit-il doit aller fouiner, déposer des CV, trouver ne serait que quelque occupation provisoire ?
-Voyons, me réponds toujours ma femme, Laisse le donc dormir à son aise. Ce n’est qu’un enfant…..
La nuit il ne dors jamais avant une ou deux heures du matin et cela lorsqu’il est assez sage pour revenir dormir à la maison. Et l’avocat (maman) est toujours là pour le défendre, bien sûr.
-Il n’est pas encore rentré notre chômeur ?
-Voyons, va donc dormir ! Tu sembles douter de la capacité de notre fils à pouvoir se débrouiller seul la nuit ! C’est un homme, tu sais….
Ah, bon ? Constatais-je : Le matin, ce n’est qu’un enfant, et le soir, un homme !!
Mme Gilles ne se laisse pourtant pas convaincre car pour elle le système de la vie en famille élargie est bien meilleur pour au moins une chose : les vielles personnes sont accompagnées et les jeunes sont aussi quelque part protégés par le cercle familial.
-Va voir, dit-elle, ces malheureux jeunes hommes, mineurs mis à contribution dès le jeune âge et qui vont jusqu’à se prostituer pour avoir de quoi acheter de la drogue !
Tous les systèmes se valent alors ?