- Bonjour monsieur le galeriste, je viens
de voir ce magnifique tableau dans votre vitrine et je voulais en connaître le prix.
- Bien sûr monsieur, c'est une œuvre de Nicolas de Staël, un tableau intitulé "Fleurs", un admirable tableau de 1952. Une sublime interprétation, une autre face de la réalité qui...
- Ok, ok, ok... combien ?
(murmures à l'oreille)
- Ah oui quand même ! C'est pas donné !
- Ecoutez monsieur, si vous le désirez, je peux vous proposer une solution. Ne prenez que ces ces 50 centimètres à l'horizontale. Cela vous conviendrait-il ?
- Découper un Nicolas de Staël ? Mais vous n'y pensez pas !
- Mais si monsieur. Et d'ailleurs, voici le prix que je peux vous faire pour cette partie.
(murmures à l'oreille)
- Ah oui, c'est bien plus dans mon budget. Faisons comme ça alors monsieur le galeriste.
- Cynthia, pourriez-vous avoir l'amabilité de découper 50 centimètres de ce tableau pour monsieur. Vous désirez que je vous l'emballe ou c'est pour consommer tout de suite ?
Certes, cette conversation paraît totalement surréaliste. Mais retranscrite dans un
autre monde, elle devient pourtant très réelle. Le groupe Pink Floyd vient de gagner un procès contre sa maison de disques EMI qui vendait ses titres à l'unité. Quand on a écouté mille fois
Dark Side of the Moon, Meddle, The Wall et tous les (bons) albums de Pink Floyd, comment vendre un titre du Flamand Rose à l'unité ? Que serait "The Great Gig in the sky" sans "Time" avant et
"Money" ensuite ? Que serait "One of these days" sans "A pillow of Wind" ensuite ? Quel intérêt aurait "Mother" sans "Good bye Blue Sky" ? C'est pourtant ce que vendait EMI sans vergogne dans
ce monde où le mp3, ce standard horrible de compression (vite coupons les basses, coupons les aigus et vendons ça au même prix qu'un vrai titre dans un album, de toutes façons, les jeunes
n'ont pas d'oreilles) devient la norme fade, morne, insipide. Ecoutez un mp3 sur votre ordi et si vous avez la chance d'avoir encore un vinyle, écoutez le même titre sur votre platine Dual
avec ampli à lampes si possible. Une petite différence, non ? Le mp3 est le steack haché de l'entrecôte Maître d'Hôtel. Je parlais il n'y a pas longtemps avec une copine qui était effarée que
je puisse encore mettre des disques. Son monde musical à elle est dans son Itunes. Chérie bibi, ce n'est pas de la musique, c'est de la soupe de musique. C'est un morceau de Nicolas de Staël,
c'est les yeux de la Joconde sans le sourire. Comme dirait Jean-Pierre Coffe "Mais c'est de la merde !". Et c'est bien pour ça que cette décision de rendre à Pink Floyd l'intégrité artistique
de ses albums (même si tout est affaire de gros sous, ne nous voilons pas les oreilles) face à sa maison de disques est une excellente nouvelle. Avec une bonne défaite de l'UMP demain et le
week-end sera parfait. Pour lire l'article, c'est ici : link